La notion d'Eveillé











    Ce serait une gageure que d’essayer de rendre par des mots l’expérience que représente l’éveil bouddhique. Dans ce genre d’exercice, on assiste le plus souvent à des suites de ce que Paul Valéry appelait les "mots impensables", c’est à dire des mots aux significations souvent vagues ou énormes, voire qui ne font référence qu’à de l’inconnu. Ces "mots impensables" tiennent des perles que l’on enfile pour un collier, quand il y en a un certain nombre bout à bout, on croit avoir quelque chose. Plus simplement, je voudrais tenter de dégager des textes certaines caractéristiques du bouddha.

    Le bouddha a réalisé l’éveil. Il comprend et sait, il est lucide et départi des illusions. Il connaît le dharma, l’ordre des choses et des phénomènes.

    Le bouddha a réalisé l’éveil et en tant que tel, il n’est plus tributaire de son passé. Il a résolu la problématique qui est impartie à chacun (et différente pour chacun de nous). Il est libéré des actes passés et de leurs conséquences.



    Le bouddha a de la compassion et de l’empathie, il voit l’universalité de la souffrance et veut y mettre un terme et amener les autres à la délivrance que lui-même connaît. En ce sens, il est différent des éveillés pour soi (ceux du huitième monde) qui, eux, ont réalisé un éveil, mais n’enseignent pas.

    C’est donc un enseignant habile qui inculque aux autres le moyen de parvenir à la même expérience que lui-même a vécue. Il est plus maître que philosophe ; il préfère donner le moyen qui permet de se départir des souffrances qu’enseigner une vérité. C’est donc un maître pragmatique, souvent comparé à un habile médecin.

    Il s’est débarrassé des illusions et a donc résolu les dualismes de la pensée commune : soi / autrui, soi / environnement, identité / altérité. Posés comme ils le sont ordinairement, ces dualismes engendrent une problématique sans solution.

    Le bouddha est serein, il s’est libéré de la peur ou de l’espérance vaine. Il n’est pas détaché du monde pour autant car il est actif pour diminuer la souffrance des êtres. Sa capacité d’empathie le pousse d’une manière volontaire vers les autres.

    Le bouddha n’est pas un dieu ni un magicien. Il n’essaie pas de s’attacher l’admiration d’autrui par des miracles. De son vivant, le Bouddha a eu aussi des ennemis.

    Mais surtout, rappelons que d’après les enseignements du Bouddha, le Bouddha est en nous : "Ainsi lorsqu’on se demande où réside l’enfer ou le bouddha, certaines phrases de sutra disent sous terre, d’autres parlent de l’ouest. Toutefois lorsque nous nous interrogeons scrupuleusement, il apparaît que tous deux n’existent que dans notre corps haut de cinq pieds" (Mushi mochi gosho, Showa teihon p. 1620).

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