Les origines du bouddhisme

12/01/2006



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A. Gouvret

Remerciements

  • Raison d'être de ce cycle de conférences : Le bouddhisme commence à être davantage connu en Occident, sans pour autant que l'on sache de quoi il s'agit exactement. Principale raison : les grandes spiritualités de l'Asie ont eu leur développement propre au fil des siècles, leur appréhension nécessite des recherches très longues. De plus dans le cas du bouddhisme, nous avons affaire à une construction collective sur des aires culturelles différentes. Il existe bien des livres de présentation (citer) mais ils sont ou trop succincts ou partiels ou à l'inverse ils émanent de spécialistes et donc leur compréhension est souvent limitée à un public déjà connaisseur. Cet état de choses tient aussi à la nature même de la démarche bouddhique qui avant d'être une doctrine, est une pédagogie. Si nous regardons les sutra (expliquer), nous voyons l'importance qu'y tiennent les dialogues et le rôle des 'questionneurs' (expliquer). Donc l'enseignement oral et vivant a toujours été le vecteur essentiel de la connaissance bouddhique. Ce cycle de 9 conférences permettra donc à ceux qui y participeront d'acquérir les éléments fondamentaux de compréhension des doctrines bouddhiques, ce qui actuellement est particulièrement rare.

  • Programme : Lors des deux sessions de janvier, nous verrons :

  • aujourd'hui, les éléments de la pensée brahmanique repris dans le bouddhisme et tout particulièrement ce que j'appelle la problématique essentielle des origines. Cette problématique correspond à une inquiétude métaphysique née de l'interprétation de brahmanisme à l'époque du Bouddha. D'autres religions de l'Inde ont également été une réponse à cette problématique, nous le verrons la fois prochaine, en étudiant les positions du jaïnisme.

  • Lors de la seconde session de janvier(26/01), approche du personnage du Bouddha, sa vie.

  • Ensuite lors des sessions ultérieures nous verrons les principales doctrines du bouddhisme à son origine.

  • A partir de la fois prochaine je donnerai également des références bibliographiques.






  • - Déroulement des séances : première heure exposé, deuxième heure discussion, questions-réponses [expliciter].






    I La pensée indienne antique et la problématique essentielle des origines du bouddhisme.

    Les fondements de la pensée indienne : Rites & métempsycose.

    Quelques repères : les Veda dont les plus anciens remontent à –1500, les Upanishad composées entre – 1000 et –500. Rôle sacerdotal et supériorité des brahmanes, importance des rites et des sacrifices. Croyance dans l’âme universelle et dans la métempsycose infinie de l’âme individuelle (samsara). Le karman.

    actes (, go, yue, karman) : l'ensemble des trois sortes d'actes - mentaux, corporels et vocaux -, que nous effectuons constamment et qui, eux-mêmes, amènent divers effets. Chaque personne est l'accumulation de ces actes. Contrairement à l'acception courante, le bouddhisme voit ici davantage la production continue de ces actes, plutôt qu'une sorte de destinée préétablie qui serait impartie à l'individu.

    Importance du dharma. Définition : Dharma est généralement traduit en français par ordre ou loi (ou pas traduit). Etymologiquement, dharma vient de dhr qui signifie fixer il s'agit donc de ce qui fixe les choses et qui est compris dans le nature même des choses, du coup le terme dharma peut aussi signifier les choses c'est à dire les phénomènes. Ce qui est contraire est adharma c'est à dire désordonné, vicieux, mauvais. Par extension le terme dharma désigne la doctrine bouddhique elle-même (expliquer).

    Quelques mots sur les étymologies chinoises et leur importance. Contrairement aux étymologies des mots de nos langues européennes qui nous renvoient aux origines latines, grecques voire même sanskrites, l'étymologie des mots chinois nous entraînent jusqu'à la naissance même du langage écrit [expliquer].

    Les chinois ont traduit le terme dharma par fa (ho en japonais).Le terme signifie loi, règle, ordre, norme. Les origines du terme sont assez incertaines. Selon les dictionnaires chinois il s'agirait de la simplification d'un idéogramme complexe qui n'existe plus de nos jours. L'élément de l'eau pour indiquer ce qui est aplani et juste, l'élément suivant désigne une sorte de licorne, animal symbole de la justice au dessous duquel le caractère qu (, partir, enlever, extraire) indiquerait le fait de supprimer le mal... Comme le remarque Couvreur dans ses Leçons étymologiques, l'explication semble « tirée par les cheveux ». Remarquons que le caractère existe depuis l'antiquité confucéenne, que les chinois l'utilisent depuis sous la forme que nous connaissons aujourd'hui et qui comprend les deux éléments de l'eau et de ce qui va. Le mouvement de l'eau qui coule obéit à un ensemble de lois qui sont liées à la nature de l'eau et de son environnement. Cela évoque le caractère li (), principe, que l'on retrouve dans certain termes avec une acception assez proche de loi (). Par exemple le principe merveilleux (妙 理, myori, miaoli). La clef du caractère est le jade (), pierre la plus estimée des chinois. Le travail du jade demande beaucoup d'habileté et surtout la connaissance de la structure, des veines de la pierre que l'on taille. L'artisan, quelle que soit son habileté, ne peut pas avec une pierre donnée faire ce qu'il veut. Il doit tailler la pierre en connaissant (ou en devinant) sa structure. C'est ainsi que si il est adroit, il peut réussir un chef-d'oeuvre. Selon le bouddhisme, il en va de même pour notre vie, pour la réussir nous devons nous rapprocher de sa structure interne, c'est l'un des sens du dharma.

    Conséquences sur la structure sociale.

    Le système des castes :

    - brahmanes (élite sacerdotale),

    - ksatriya (guerriers),

    - vaiçya (artisans, cultivateurs)

    - sudra (serviteurs)

    Les castes inférieures se subdivisent en une multitude de sous-castes. Ceux qui sont hors castes sont appelés actuellement paria. Même pour les hors castes, il y a des degrés, par exemple les candala qui sont d’une extraction particulièrement vile résultent d’une mère brahmine et d’un père sudra. Définir le rôle de ces classes entre elles. Selon Dumézil, l'organisation globale des Indo-Européens repose sur l'existence reconnue de trois ordres spirituel, militaire et productif. Structure antique, féodale et ancien régime.

    Problématique essentielle et difficulté d’interprétation par la pensée occidentale : identité & altérité, influence sur les débuts du bouddhisme, quelques nuances bouddhiques.

    Le cycle infini des existences est jugé comme un processus douloureux, inquiétant et exténuant. Notion fondamentale de la perte de l’identité, des identités multiples (comme dans Un, personne, cent mille de Pirandello).

    Dans son appréhension de ce processus, l’esprit occidental n’en perçoit pas l’aspect inquiétant. La pensée occidentale s’est formée dans une toute autre problématique : celle de la survie de l’âme individuelle. Erreur et nuances : l’âme n’est pas l’ego, n’est pas la personnalité, n’est pas le psychisme. Pour tenter d’approcher l’inquiétude liée au phénomène de la métempsycose, imaginons que chaque matin au réveil nous soyons frappés d’amnésie.

    Il est certain que le désir d’échapper à la métempsycose a été le point fondamental du bouddhisme qui s’est présenté dans un premier temps comme une ascèse permettant d’annihiler la force qui pousse à revenir à la vie et donc d’atteindre la sérénité intemporelle du nirvana.

    Toutefois, il est nécessaire de comprendre la nuance suivante : le Bouddha n’a jamais cautionné en totalité le système de la métempsycose. Il se méfiait de toute explication globale de la vie et de la mort et pensait que ce genre de système témoigne surtout d’un manque de précision voire d’une confusion des idées. Comme nous le verrons dans le cours sur les quatre vérités, il se présente avant tout comme un habile thérapeute apte à soulager et à résoudre la souffrance inhérente à la vie.

    Pour l'essentiel de cette première session, rappelons-nous :



    Les notions dharma (loi) et karman (actes),

  • La problématique fondamentales des origines du bouddhisme : échapper au cycle de la métempsycose. Cette problématique va accompagner toute l'évolution de la pensée bouddhique. 18 siècles après la période que nous avons vue aujourd'hui, Nichiren, rénovateur japonais du bouddhisme disait dans un de ses premiers traités : « Si vous voulez interrompre le cycle sans commencement des vies et des morts et, cette fois-ci, attester de l’éveil suprême, vous devez alors examiner le principe merveilleux des êtres en son état originel ... »

    Prochaine conférence : jeudi 26 janvier, même heure, même lieu. Cette fois-ci nous verrons ce qu'a été la vie du personnage que l'on appelle le Bouddha et je vous présenterai une autre réponse à la problématique fondamentale de la pensée indienne antique, le jaïnisme qui est contemporain du bouddhisme.