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Date d'inscription : |
3e année de Kenji (1277), 11e mois. La date est inscrite en bas à gauche entre le grand roi céleste Vaste-Regard - écrit selon la translittération du sanskrit en chinois : 大毘楼博叉天王 (Dai Biruhakushatennō) - et la signature - kaō de Nichiren. |
Récipiendaire : |
? |
Phrase d'hommage : |
Durant plus de 2200 ans après l’extinction du Bouddha, dans tout le Jambudvīpa, jamais ce grand mandala n'apparut (佛滅度後二千二百余年之間一閻浮提之内未曾有大漫荼羅也). Phrase inscrite sur 6 colonnes en bas à droite, entre la signature - kaō de Nichiren et le grand roi céleste Accroissement. |
Ajout : |
- |
Dimensions (cm) & nombre de lés : |
92,4 x 45,8 – 3 lés. |
Nom usuel : |
Kirihaku gohonzon (切鉑御本尊) ; en l'absence d'éléments contextuels il n'est pas possible de savoir à quoi ce nom fait référence. Kiri (切) signifie couper et haku (鉑) peut désigner le cristal ou le platine. Était-ce en relation avec la profession du récipiendaire ? avec son nom ? On ne peut formuler que des hypothèses. |
Lieu de dépôt actuel : |
Honkokuji, Kyōto. |
Style : |
Détaillé. |
Contenu scriptural : |
1. Aux quatre coins du gohonzon : les quatre grands rois du ciel, leur nom inscrit selon la translittération du sanskrit en chinois, cf. Remarques. Les deux Rois de Lumières sont à leur place habituelle : Amour à gauche et Immuable à droite.
2. Colonne centrale : Namu Myōhōrenguékyō et dessous la signature - kaō de Nichiren.
3. Étage supérieur : tous les noms des personnages sont précédés de Namu. En partant du centre à gauche : Shakamuni butsu, Jippō funjin shobutsu (十方分身諸佛, tous les bouddha du corps fractionné des dix directions), Jōgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pure), Anryūgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pacificatrice).
Et à droite, toujours en partant du centre : Tahō nyorai, Zentoku nyorai, Jōgyō bosatsu, Muhengyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Illimitée).
4. Étage médian : les noms des deux bodhisattva et des deux grands auditeurs sont précédés de Namu.
À gauche en partant du centre : Fugen bosatsu, Kashō sonja (尊者, le vénérable), Taishakutennō (Indra), Daïgattennō (大月天王, le roi céléste Grande-Lune), Dai Ryūō (大龍王, le grand Roi-Dragon).
À droite en partant du centre : Monjushiri bosatsu, Sharihotsu sonja (尊者, le vénérable), Daibontennō, Daïrokutenmaō, Daïnittennō (大日天王, le roi céleste Grand-Soleil), Tenrin shō-ō (轉輪聖王, les saints rois tournant les roues), Ashuraō.
5. Plus bas, à la hauteur du caractère gué (華), leur nom précédé de l'expression votive Namu, à gauche en partant du centre : Myōraku daishi, Dengyō daishi et en vis-à-vis à droite, toujours en partant du centre : Ryūju bosatsu, Tendaï daishi.
6. Étage inférieur : encadrant le Titre à la hauteur du caractère kyō (經) : à gauche les jūrasetsunyo et à droite leur mère Kishimojin.
7. Et encore plus bas, sous le caractère kyō (經) du Titre, à gauche Shōhachiman gu et à côté de lui, à droite Tenshō daïjin.
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Particularités graphiques : |
Le Daïmoku se déporte légèrement vers la droite au fur et à mesure de son écriture, c'est-à-dire en descendant.
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Remarques : |
L'état de conservation est très dégradé.
La conception générale est assez proche de celle du gohonzon #45 avec davantage de personnages toutefois, notamment pour l'étage médian ou les maîtres du Tiantai. Le Titre est moins grand laissant un espace vacant sous le kyō (經), espace où le bodhisattva Hachiman et la divinité Tenshō daïjin prennent place. Comme pour le #45 dans la phrase d'hommage il est mentionné 2200 ans et non 2220 ou 2230.
Pareillement, les noms des quatre grands rois du ciel sont inscrits dans une translittération chinoise du sanskrit. Habituellement seul le nom du roi céleste Dai Bishamon tennō (大毘沙門天王) est inscrit selon ce type de translittération (en haut à gauche). Le grand roi céleste Gardien du Pays (大持國天王, Dai Jikokutennō), en haut à droite, devient Dai Teizuratatennō (大提頭頼咤天王). De la même façon, le roi céleste Vaste-Regard (廣目天王), en bas à gauche, s'écrit Dai Biruhakushatennō (大毘楼博叉天王 ) et le roi céleste Accroissement, en bas à droite (増長天王), Dai Birurokushatennō (大毘楼勒叉天王). De plus, pour les deux rois qui sont dans les coins en bas leur place est inversée vis-à-vis de l’emplacement habituel. Cette particularité se retrouve dans de nombreux autres gohonzon, notamment : #34, #35, #36, #37, #45, #53, #54, #55, #56, #57, #61, #62, #63, #64 et #65.
Dernier gohonzon de l'ère Kenji, c'est également la dernière fois que Zentoku nyorai et les émanations du corps du Bouddha que sont les Jippō funjin shobutsu, tous les bouddha du corps fractionné des dix directions, font leur apparition sur le gohonzon. Cette ère Kenji n'a duré que trois ans. En général les ères qui durent peu sont marquées par des signes de mauvais augure ou des désastres d'où la nécessité de changer le nom de l'ère afin de donner une qualité plus propice au temps. Kenji a été marquée par la pression de l'empire mongol dont le débarquement de 1274 avait été un échec mais qui avait permis de mesurer la puissance des forces d'invasion. Cette ère se terminait également par des récoltes désastreuses et leurs conséquences pour la population ainsi qu'une épidémie.
Ainsi dans ce gohonzon qui vient clore les années de Kenji, les divinités tutélaires du Japon Tenshō daïjin et Hachiman dai bosatsu sont placées en dessous du Titre et au-dessus de la signature de Nichiren, elles sont également rapprochées l'une de l'autre. Rappelons que le bodhisattva Hachiman était à l'origine une divinité agraire et qu'ensuite il a été révéré comme protecteur des guerriers. Il a donc dû être beaucoup sollicité en ces temps périlleux.
Les collections du temple Honkokuji à Kyōto abritent, outre ce gohonzon-ci pas moins de huit autres mandala : #34, #41, #51, #56, #90, #91, #106 et #123 qui est le dernier parmi les gohonzon composés par Nichiren qui nous sont parvenus.
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