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Date d'inscription : |
1e année de Kōan (1278), 11e mois, 21e jour ; date écrite en bas, à gauche du grand roi céleste Vaste-Regard. |
Récipiendaire : |
Ubasoku Fujitayū Nitchō (優婆塞藤太夫日長), en petits caractères, en bas à gauche, entre le kaō - signature de Nichiren et le grand roi céleste Vaste-Regard. |
Phrase d'hommage : |
1. Durant plus de 2230 ans après l’extinction du Bouddha, dans tout le Jambudvīpa, jamais ce grand mandala n’apparut (佛滅度後二千二百三十余年之間一閻浮提之内未曾有大漫荼羅也). Phrase inscrite sur six colonnes, en bas à droite entre le kaō - signature de Nichiren et le grand roi céleste Accroissement. La phrase est traversée par le trait évasé du dernier caractère de Namu Myōhōrenguékyō (經, kyō).
2. Si durant tout un éon / Toujours habité de pensées sans bonté / Un homme grimace et insulte le Bouddha / Il engendre d'incalculables fautes lourdes. / Et s’il en est qui calomnie même un instant / Celui qui lit, récite et garde / Ce Sūtra du lotus / Sa faute alors excède celle-là du premier (若於一劫中 常懐不善心 作色而罵佛 獲無量重罪 其有讀誦持 是法華經者 須臾加悪言 其罪復過彼).
Citation provenant du chapitre X du Sūtra du lotus (MHRGK p 389, JNR p 214, Burnouf p 139), écrite en haut sur la partie droite du gohonzon, horizontalement (pour le sens d'écriture, voir Remarques).
3. S'il est homme qui recherche la voie du Bouddha / Durant un éon entier / Et qui devant lui joignant les mains / Le célèbre en d'innombrables vers / Cette louange du Bouddha / Lui procure d'incalculables mérites et vertus. / Mais celui qui admire la personne qui garde le Sūtra / Son bonheur excède celui du premier (有人求佛道 而於一劫中 合掌在我前 以無數偈讃 由是讃佛故 得無量功徳 歎美持經者 其福復過彼).
Cette citation est la suite de celle qui précède (MHRGK p 389, JNR p 215, Burnouf p 139). Elle est inscrite en oblique en haut sur la partie gauche du gohonzon.
4. Le bonheur de celui qui fait offrande excède les les dix épithètes (有供養者福過十号).
5. S'il est un perturbateur sa tête se brisera en sept morceaux (若悩乱者頭破七分).
Ces deux citations sont inscrites sur la partie droite du gohonzon, la 4 à gauche du Roi de Lumières Immuable, à la hauteur du caractère gué (華) ; et la 5 au-dessus du roi céleste Accroissement, à la hauteur du caractère kyō (經).
En vis-à-vis nous avons :
6. Pour celui qui loue, un bonheur de paix et de clarté s'amoncelle (讃者積福於安明).
7. Pour celui qui dénigre, un crime sans rémission s'ouvre (謗者開罪於無間).
Ces deux citations sont inscrites sur la partie gauche du gohonzon, la 6 à droite du Roi de Lumières Amour, à la hauteur du caractère gué (華) ; et la 7 au-dessus du grand roi Vaste-Regard, à la hauteur du caractère kyō (經).
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Ajout : |
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Dimensions (cm) & nombre de lés : |
244,9 x 124,9 – 28 lés. |
Nom usuel : |
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Lieu de dépôt actuel : |
Kōchōji (光長時), Numazu-shi. |
Style : |
Détaillé avec citations et particularités. |
Contenu scriptural : |
1. Aux quatre coins du gohonzon : les quatre grands rois du ciel ; voir Remarques pour la graphie du roi Grande-Écoute ainsi que pour les deux rois du bas avec leur emplacement. Les deux Rois de Lumières à leur place habituelle, Amour à gauche et Immuable à droite.
2. Colonne centrale : Namu Myōhōrenguékyō et tout en bas le kaō-signature de Nichiren.
3. Étage supérieur : tous les noms des personnages sont précédés de Namu. En partant du centre à gauche :Shakamuni butsu, Jōgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pure), Anryūgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pacificatrice). Et à droite, toujours en partant du centre : Tahō nyorai, Jōgyō bosatsu,Muhengyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Illimitée).
4. Étages médian, inférieur, autres : les noms des quatre bodhisattva et des deux grands auditeurs sont précédés de Namu. Encadrant le Titre :
- à la hauteur des caractères Myōhō (妙法) : à gauche en partant du centre Fugen bosatsu et Miroku. À droite en partant du centre : Monjushiri bosatsu et Yakuō bosatsu.
- à la hauteur du caractère ren (蓮) : à gauche Kashō sonja (尊者, vénérable) et à droite Sharihotsu sonja (尊者, vénérable).
- à la hauteur du caractère gué (華) : à gauche en partant du centre : Namu Tendaï daishi, Taishakutennō (Indra) et Daigattennō (大月天王, le roi céleste Grande-Lune. À droite en partant du centre : Namu Ryūju bosatsu, Daibontennō, Daïrokutenmaō et Daïnittennō (大日天王, le roi céleste Grand-Soleil).
Plus bas, encadrant le Titre, à la hauteur du caractère kyō (經), à gauche en partant du centre : Namu Dengyō daishi, les dix ogresses, un peu plus bas Ryūō (Roi-Dragon) et Ajaseō.
À droite en partant du centre : Namu Myōraku daishi, Kishimojin et un peu plus bas Ashuraō.
En dessous, à gauche : Hachiman dai bosatsu ; et à droite Tenshō daïjin. |
Particularités graphiques : |
Le Titre, la signature-kaō, les Rois de Lumières et les quatre grands rois du ciel sont écrits d'un trait épais et apparaissent en premier plan. Pour les deux rois du ciel du bas, on a l'impression, vu la grandeur des caractères, que la place a manqué et donc les deux derniers caractères de leur nom (天王) sont écrits sur une colonne un peu décalée à droite. Le résultat graphique de cette nouvelle variation est tout à fait intéressant.
Le Titre occupe presque toute la hauteur de ce très grand mandala (2,35 mètres). À l’inverse, les personnages sont inscrits dans une graphie plus minuscule et encadrent les caractères de Namu Myōhōrenguékyō (南無妙法蓮華經).
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Remarques : |
Ce gohonzon est le plus grand de ceux-là qui nous sont parvenus. Viennent ensuite par ordre décroissant le #101 puis le #18. La tradition rapporte que la très grande dimension de ce gohonzon serait due au fait que son support de 28 pièces de papier aurait été réalisé par les habitants du hameau d’Odachimura qui comptait justement 28 foyers. Ce support fut remis ensuite à Watanabe Fujitayū, chef de village et récipiendaire de ce gohonzon qui fut ensuite probablement utilisé lors des cérémonies de l'ensemble des croyants du village.
Le terme ubasoku concernant la désignation du récipiendaire Ubasoku Fujitayū Nitchō (優婆塞藤太夫日長) vient du sanskrit upāsaka qui est l’appellation des adeptes laïcs masculins. Le terme a pris une connotation honorifique liée à la piété dont ces croyants doivent être pourvus..
Une singularité apparaît sur ce gohonzon, le grand roi céleste Grande-Écoute, Dai Bishamon tennō (大毘沙門天王 ) en haut à gauche, est écrit Dai shamon tennō (大沙門天王), le caractère 毘 (bi) étant omis. Dans ce nom, shamon est une translittération du sanskrit śravaṇa (श्रवण) qui signifie l’écoute. Probablement que le bi (毘), ici omis, vient du terme sanskrit vi (वि : très, intense). Impossible de savoir s’il s’agit-là d’une omission ou bien si cette manière d'écrire ce nom recèle une signification spécifique.
Comme c'était le cas pour les gohonzon #48, #53, #54 et #55, les deux grands rois du ciel ouest et sud, situés en bas à gauche et à droite, sont inscrits dans une translittération de leur nom sanskrit : Dai Biruhakushatennō (大毘楼博叉天王) pour le Roi céleste Vaste-Regard (廣目天王) et Dai Birurokushatennō (大毘楼勒叉天王) pour le Roi céleste Accroissement (増長天王) ; de plus, leur place est inversée vis-à-vis de l’emplacement habituel.
Comme nous le mentionnons au paragraphe Remarques du gohonzon #53 à propos des citations : "Elles ajoutent un nouvel ordre de signification : elles introduisent le langage dans la représentation du gohonzon. Les autres idéogrammes que nous voyons sur le gohonzon ne sont pas à proprement parler des éléments de langage. Ils ne forment pas de phrases, ils sont à mi-chemin entre la représentation picturale et la signification."
Une distinction apparaît entre les deux groupes de citations et elle concerne ce sur quoi porte notre attitude. Les citations 4 à 7 ont trait à l’attitude des personnes vis-à-vis de la loi, elles illustrent les mérites ou châtiments qui en découlent : ceux qui louent la loi bouddhique en sont eux-mêmes honorés, ceux qui la dénigrent révèlent la confusion et la chute.
Dans les citations 2 et 3 extraites de la partie versifiée du chapitre Maître de la loi, dénigrer où admirer, même pendant peu de temps la personne qui sert et garde le Sūtra du lotus engendre des mérites ou des fautes qui excèdent la calomnie ou la célébration du Bouddha durant une très longue période.
La citation 2, au regard de sa graphie horizontale, laisse à penser que Nichiren, pour l'écrire, était positionné face au côté droit, perpendiculairement au gohonzon. Elle se lit de droite à gauche, elle va de l’intérieur vers l’extérieur, et donc les caractères sont tournés d’une façon originale et peu lisible. La citation 3, de l'autre côté (à gauche), en haut, est la suite de cette citation 2, elle est oblique et se lit aussi de droite à gauche mais elle va de l’extérieur vers l’intérieur. Il n’y donc pas de symétrie totale entre les citations des parties droite et gauche. Là aussi il est difficile de savoir s'il y a une intention ou si c'est juste l'inspiration créatrice lors de la réalisation de ce gohonzon qui a présidé à cet agencement.
Les citations 4 et 5 sont tirées des Notes sur les phrases et les mots de la fleur de la loi de Zhanlan. Dans ce passage quelques phrases du chapitre Formules détentrices du Sūtra du lotus sont commentées par ce maître du Tiantai.
Les citations 6 et 7 proviennent du traité de Saichō connu sous le nom de Ebyōshū (依憑集, Recueil des Appuis), ouvrage qui dénonce l'éloignement doctrinal de plusieurs courants du bouddhisme de son époque.
Le temple Kōchōji, où ce gohonzon est conservé, permet également de voir une statue de Nichiren réalisée par Nippō. Cette statue effectuée par un disciple direct de Nichiren est stylisée et bien différente des statuettes actuelles qui montrent généralement Nichiren sous les traits d'un gros bonhomme, ce qui est absurde compte tenu des rigueurs et des privations qu'il a connues au cours de son existence.
Quatre autres gohonzon sont également conservés dans les collections de ce temple. Il s'agit des mandala #14, #65, #97 et #105.
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