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Date d'inscription : |
2e année de Kōan (1279), 11e mois. Inscription en bas à gauche contre le bord. |
Récipiendaire : |
Conféré à l’upāsaka Nichiku (優婆塞日久 ). Inscription en bas à gauche insérée entre la date et le Nichiren-kaō. |
Phrase d'hommage : |
Durant plus de 2220 ans après l’extinction du Bouddha, dans tout le Jambudvīpa, jamais ce grand mandala n’apparut (佛滅度後二千二百二十余年之間一閻浮提之内未曾有大漫荼羅也). Phrase inscrite sur 5 colonnes , en bas à droite, à la gauche du Roi de Lumières Immuable. |
Ajout : |
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Dimensions (cm) & nombre de lés : |
45,1 x 30,0 – 1 lé. |
Nom usuel : |
Représentation des quatre rois du ciel (四天王畫像御本尊), voir Remarques ci-dessous. |
Lieu de dépôt actuel : |
Bibliothèque Zuiki, Risshō Ankoku kai, Chiba-shi. |
Style : |
Succinct, seuls les mondes des bouddha, des bodhisatva et des esprits affamés sont représentés. |
Contenu scriptural : |
1. Les quatre grands rois du ciel n'apparaissent pas. Les deux Rois de Lumières sont à leur place habituelle : Amour à gauche et Immuable à droite. Ils marquent toute la hauteur du gohonzon.
2. Colonne centrale : Namu Myōhōrenguékyō, en dessous Nichiren-kaō.
3. Étage supérieur : tous les noms des personnages sont précédés de Namu. En partant du centre à gauche : Shakamuni butsu, Jōgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pure), Anryūgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pacificatrice). Et à droite, toujours en partant du centre : Tahō nyorai, Jōgyō bosatsu, Muhengyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Illimitée).
4. En dessous au niveau du caractère kyō (經) du Titre : à gauche les dix ogresses et à droite Kishimojin.
5. Un peu plus bas avec leur nom précédé de Namu et un peu plus éloignés du centre, à gauche Dengyō daishi et à droite Tendaï daishi.
6. En dessous, à gauche Hachiman dai bosatsu et à droite Tenshō daïjin.
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Particularités graphiques : |
Par leur grande dimension les deux Rois de Lumières apparaissent en premier plan, ils occupent toute la hauteur de chaque côté du gohonzon, et leurs traits affirmés se démarquent du reste des inscriptions - à l'exception de Nichiren-kaō qui est légèrement décentré sur la gauche -.
Dans un deuxième plan apparaît le Titre écrit d’un trait beaucoup plus fin, et qui n’occupe que la moitié haute du gohonzon, ainsi que les personnages inscrits d’une écriture plus fine encore.
Il y a sur le gohonzon un mouvement insufflé par la dynamique des traits. Le dernier caractère du nom des personnages se terminent par un trait vertical en direction du Nichiren-kaō ; ils se dressent tels les Rois de Lumières qui sont étirés sur toute la hauteur. L’espace à droite du Titre sur la moitié haute est traversée par des traits horizontaux et obliques qui s’étendent jusqu’au Rois de Lumières Immuable alors qu’en bas à gauche, comme en symétrie, les traits du kaō de Nichiren s’entrecroisent avec le Rois de Lumières Amour.
Pour l'étage supérieur la graphie pour bosatsu est celle-là qui est propre à Nichiren et qui consiste en un seul caractère qui ressemble un peu à une superposition de deux fois le katakana sa (サ). Cette graphie est fréquente sur les gohonzon pour transcrire le mot 'bosatsu' de Hachiman dai bosatsu, mais Hachiman n'est pas vraiment un bodhisattva du bouddhisme, à l'inverse elle est très rare en ce qui concerne les quatre bodhisattva surgis de Terre. On la retrouve toutefois dans la série de gohonzon qui va du #112 au #115, par exemple, écrite deux ans plus tard. Ici cette graphie permet également d'ajouter des lignes verticales très étirées qui participent à l'aplomb suspendu et aérien de ce mandala.
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Remarques : |
Peu d’éléments sont connus concernant la vie du récipiendaire Izu Égawa Yoshihisa (伊豆江川吉久), Nichiku (日久) de son nom bouddhique. Disciple laïc de Nichiren, il était chef de clan et s’était établi à Nirayama sur la péninsule d’Izu après la guerre qui opposa les clans Taira et Minamoto (voir entrée Minamoto no Yoritomo). Après la victoire de ces derniers et l’établissement du shogunat à Kamakura, le clan Égawa fut un soutien des Hōjō qui à l'époque de Nichiren, sont devenus les régents du Bakufu de Kamakura.
Au XVIIe siècle, une peinture représentant les quatre grands rois du ciel a été rajoutée au gohonzon. Au-dessus du gohonzon les rois du ciel Grande-Écoute et Gardien du Pays avec une décoration yōraku (瓔珞, pendentifs précieux) et en dessous du gohonzon les rois du ciel Grand-Accroissement et Vaste-Regard encadrant la corole d'une fleur de lotus.
Il est un peu paradoxal d'avoir rajouté sur le support les quatre grands rois du ciel alors que ceux-ci, comme sur plusieurs gohonzon de type omamori (talisman personnel), ne figurent pas sur le mandala. Le nom usuel, Représentation des quatre rois du ciel (四天王畫像御本尊), sous lequel ce gohonzon est désigné ne fait que renforcer cette contradiction.
La Bibliothèque Zuiki dans la ville de Chiba où ce gohonzon est conservé abrite également les mandala #80 et #112.
Elle appartient à la société Risshō Ankoku kai (立正安国会), elle même liée à l'organisation Kokuchūkai (国柱会, Pilier de la Nation). Le fondateur de ce mouvement, Tanaka Chigaku (田中智学, 1861 - 1939), était un idéologue qui a tiré les enseignements de Nichiren vers une conception nationaliste et belliqueuse et qui a fourni les bases théoriques au régime impérialiste japonais durant la première moitié du vingtième siècle. Orateur convaincant et essayiste prolifique il a attiré à lui de nombreux jeunes gens, même si plusieurs s'en sont détournés ensuite comme le poète Miyazawa Kenji par exemple. Malheureusement plusieurs courants religieux nichirenistes ont adhéré à cette dangeureuse déviation. Après-guerre ils ont fait profil bas mais depuis quelques années ils commencent à réapparaître, forts de l'oubli que confère le passage des générations.
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