Nitcho,
les difficultés de positionnement
Nitcho (1252 – 1317) est un disciple religieux de Nichiren, l’un des six moines aînés. Également appelé dans les écrits de Nichiren : sire d’Iyo (Iyoko) ou acarya d’Iyo (Iyo ajari). Originaire d’Omosu dans la province de Suruga (centre du département actuel de Shizuoka). Il est très jeune lorsque son père décède. Sa mère l’emmène à Kamakura puis elle se remarie avec le disciple de Nichiren, Toki Jonin qui adopte l’enfant.
Il
est élevé dans la province de Shimosa
(département
actuel de Chiba) où réside Toki. En 1267, il est
ordonné par Nichiren et le sert en compagnie de Nichiro
et Niko.
Durant plusieurs
années, il apprend le bouddhisme au
contact direct de Nichiren qu’il accompagne lors de l’exil
de Sado.
L’apprentissage de la doctrine
auprès de
Nichiren a dû porter ses fruits car, en 1277 lors d’un
débat avec l’abbé du temple de la Propagation de
la Loi (Guboji),
d’obédience Tendaï, à Mama,
il obtient la conversion des moines présents au nouveau
bouddhisme et devient leur supérieur; il n’a que
vingt-cinq ans. D’autres sources disent que c’est Toki, son
beau-père,
qui aurait mené les débats. Quoi qu’il en soit,
il devient le jeune supérieur du temple en question et son
savoir est réputé. Il faut toutefois remarquer
qu'à
l'époque le bouddhisme de Nichiren n’étant pas
reconnu par les autorités, ce temple continuait
d’être
considéré comme se rattachant au Tendaï.
Avant son
décès, Nichiren le désigne comme l’un
des
six moines aînés auxquels il confie les
destinées
de son école. Après la mort de Nichiren, il
continue
d’être actif dans la province de Shimosa. On ne sait pas
la raison pour laquelle les relations entre Toki et lui deviennent
difficiles mais il décide de repartir vers sa
région
natale d’Omosu en 1292. Toki qui décide alors de
s’ordonner lui-même, prend le nom religieux de Nichijo
et
remplace son fils adoptif dans ses fonctions
ecclésiastiques. Nitcho réside à Omosu où il retrouve Nikko qu’il aide à fonder le temple de l’Enseignement Originel (Honmonji) de Kitayama. A partir de 1298, Nikko est supérieur de ce temple et confie à Nitcho la charge de régisseur des études (gakuto), c’est à dire qu’il s’occupe d’enseigner les moines. Il demeure au temple de l’Enseignement Originel jusqu’à sa mort en 1317.
Les
successeurs de Nikko considèrent que les cinq moines
aînés
(goroso),
hors Nikko bien
sûr, ont failli. Le texte le plus
ancien que je trouve et qui fait état de cela, est le Fuji
issekimonto zonji no goto qui
daterait de 1309 et aurait
été
écrit par Nikko lui-même (une autre version des
choses
dit que ce ne serait pas Nikko qui l’aurait
rédigé
mais qu’il aurait apposé son sceau sur le document...).
Dans le cas de Nitcho qui était encore vivant à
l’époque et qui secondait Nikko, cette assertion semble
pour le moins paradoxale sinon injuste. Notons pour finir que selon Chris Holte, (http://www.geocities.com/chris_holte/) qui présente un site bien documenté en langue anglaise sur le bouddhisme de Nichiren et ses errances contemporaines, il y aurait un autre Nitcho, qui aurait été un fils de Toki et c'est ce dernier qui aurait rejoint Nikko au Honmonji... Je ne sais pas les sources de M Holte, je me demande s'il n'y a pas une confusion. Pour "le" Nitcho qui nous intéresse, il donne des dates différentes de celles que je trouve dans mes ouvrages de références, il indique 1239-1326. Je me demande si ce nouveau Nitcho ne vient pas à point conforter la thèse précédemment évoquée et soutenue notamment par les écoles qui se réclament de Nikko qui estiment que les cinq autres successeurs ont gravement failli.
|