Zhanlan, un long apprentissage et une relecture inspirée du Tiantai



  Zhanlan (711 - 782) est originaire de Jingxi dans le Jiangsu, il est issu d'une famille de lettrés, les Qi. A dix-sept ans, attiré par le bouddhisme contemplatif, il décide de gagner le Zhejiang, région où s'est developpée l'école Tiantai. Il réside dans un temple de Jinhua durant trois ans puis devient le disciple de Xuanlang (673 - 754), le cinquième successeur de Zhiyi. Durant près de dix-huit ans, il se livre à une étude acharnée qui lui permet de maîtriser les concepts les plus profonds de la pensée du Tiantai. Il ne reçoit l'ordination complète qu'à trente-huit ans. Il enseigne ensuite au temple de la Joie Merveilleuse (Miaolesi) et la renommée qu'il y acquiert fait qu'on le désignera plus tard sous le titre honorifique de Grand maître de la Joie-Merveilleuse (妙樂大師, Myoraku daïshi, Miaole dashi, c'est d'ailleurs ainsi que Nichiren le cite et l'évoque dans ses écrits). Il écrit énormément et délivre notamment des commentaires subtils et profonds des trois oeuvres majeures de Zhiyi. Son travail permet une réinterprétation du système de Zhiyi et ses vues ont influencé la perception du Tiantai, du Sutra du lotus et des pratiques contemplatives de l'Arrêt et examen. La relecture fondamentale qu'il mène sur les principaux ouvrages du Tiantai révèle les différences philosophiques existantes entre les vues de cette école et celles d'autres courants du bouddhisme qui avaient assimilé sous des formes diverses certaines notions des premiers maîtres du Tiantai.

  Comme nous l'avons dit, les auteurs ultérieurs ont désigné Zhanlan comme étant le sixième ou le huitième, voire le neuvième patriarche de l'ordre Tiantai. En fait il est le sixième successeur de Zhiyi. Celui-ci est considéré comme le troisième maître du Tiantai car il a été le disciple de Huisi qui lui-même a étudié auprès de Huiwen, du coup dans ce décompte qui rajoute ces deux maîtres, il devient le huitième successeur. Pour arriver à une filiation où il serait le neuvième terme, on place avant les maîtres chinois, le penseur indien Nagarjuna... Est-ce dû au respect que lui manifestait Zhanlan qui appréciait tout particulièrement son Traité de la grande vertu de sagesse ? Nagarjuna avait vécu pourtant près de quatre siècles avant les origines du Tiantai et cela laisse à penser que la perception qu'avaient les auteurs anciens de cette filiation tenait davantage de la parenté spirituelle que des conceptions formalistes qui ont prévalu ensuite.

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