Le
caractère myo,
etymologie, graphie, évolution du sens
Le
caractère myo
(miao
en chinois) est formé de deux parties. La partie
de
gauche qui est
une sorte de radical (de clef) est le pictogramme "femme"女 et la partie
de droite signifie peu 少 mais aussi jeune. Il semble donc
qu'à
l'origine
le caractère représentait la beauté
d'une
très jeune femme voire
l'émotion esthétique qui lui était
liée.
Comme c'est souvent le cas pour les périodes très anciennes de la naissance de l'écriture chinoise, selon les régions ce caractère s'est trouvé influencé par des homonymes dont certains présentent une parenté graphique. Trois caractères qui se prononcent également miao en chinois mais byo en japonais semblent avoir enrichi la signification de myo. Le premier d'entre eux (眇) désigne ce qui est très petit, ténu, le deuxième (杪) nous montre l'extrémité des branches, là où l'arbre se fait le plus fin, le dernier () désigne ce qui est minime. Par extension du sens, au caractère de l'émotion esthétique qui était le sens premier de myo, est venu se rajouter l'idée de finesse extrême, de ce qui agit en étant très petit et pourtant très efficace. Les Chinois avaient bien compris, en voyant les modifications de la nature au fil des saisons, que ce sont souvent des éléments très petits, qui échappent à notre perception, qui provoquent finalement les changement considérables dont nous ne voyons que le résultat sans comprendre forcément, pour autant le processus. Ainsi le caractère myo s'est vu enrichi de la notion de ce qui subtil, efficace et mystérieux. Rappelons que c'est un trait de génie du traducteur Kumarajiva que d'avoir rendu le terme sad sanskrit (juste, correct) par miao en chinois. Nichiren dans le traité En une vie devenir le Bouddha s'exprime ainsi sur le sens de myo : "Quel est alors le sens de myo ? Seul est appelé merveilleux (myo) cela d'inconcevable qui est le coeur de notre Une pensée. Inconcevable signifie que ni l'esprit, ni les mots, ne peuvent l'atteindre. Autrement dit, si l'on tente d'appréhender le coeur d'Une pensée là où il se révèle et que l'on affirme 'cela existe', on ne trouve pourtant ni couleur, ni forme. Et si l'on dit 'cela n'existe pas', de façon ou d'autre il se révèle au coeur" Ainsi se dégage le sens de myo, que nous traduisons souvent par merveilleux, ce qui fonde notre existence et que les concepts ne peuvent appréhender. Un peu plus loin dans le même traité Nichiren décrit cela comme étant le "corps merveilleux de la réalité unique de la voie du milieu". |