Nissho, le doyen des
successeurs
Nissho (1221 - 1323) est également appelé acarya Ben (Ben ajari) ou moine Ben (Ben no bo). Il est l’un des six moines aînés (roku roso), le plus âgé et l'oncle également de l'un d'entre eux, Nichiro. Originaire de Shimosa, son patronyme était Indo. A quatorze ans il entre dans les ordres dans la tradition Tendaï et prend pour nom Joben. |
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Il se rend à Kyoto, aidé par une relation de sa mère puis entre au monastère du mont Hieï, temple principal de l’école Tendaï. Il est très possible que ce soit là qu’il ait fait la connaissance de Nichiren. Il étudie les doctrines du Tendaï durant de nombreuses années. Lorsque Nichiren est de retour à Kamakura, fin 1253, il le rencontre et est impressionné par son savoir et sa maîtrise des enseignements. Bien qu’étant sensiblement du même âge (Nissho a un an de plus que Nichiren), il décide de devenir son disciple. Il est actif sur la région de Kamakura. Il fait partie des six moines désignés par Nichiren pour conduire son école après son décès et est présent à Ikégami lors des derniers jours du Maître. Parmi les six moines aînés, Nissho est le plus âgé, il est même d’une génération antérieure aux autres qui avaient alors de vingt-neuf à trente-sept ans, tandis que lui en avait soixante et un. Pour l’époque c’était déjà un âge canonique. En outre, il avait connu Nichiren à l’époque des débuts de l’établissement de la nouvelle école (1253) mais ne l’avait pas suivi dans ces différents exils ou lors de sa retraite. Il semble donc qu’il était moins proche de lui, eu égard aux expériences et aux épreuves partagées, que des moines comme Nikko ou Nichiro. Il avait également eu une existence plus stable en propageant la doctrine à Kamakura.
Lors des obsèques de
Nichiren, il a une place prépondérante et c’est à
lui que Nichiren lègue son Sutra
du lotus annoté.
Encore que dans le Shusogosengekiroku
(Relation des funérailles
du Maître fondateur), rédigé par Nikko trois
jours après le décès de Nichiren, il
apparaît
que cette relique ainsi que la fameuse statue du bouddha Shakyamuni
que Nichiren emmenait avec lui depuis l’exil d’Izu
devront être gardées dans une chapelle près de la
tombe du Maître, de façon à ce que les six
disciples qui viendront faire des offrandes à tour de
rôle,
puissent les contempler.
A la cérémonie de
commémoration des cent jours du décès du
Maître,
au mont Minobu, il décide avec les autres du système de
rotation pour la garde de la tombe de Nichiren qui finalement
marchera assez mal et entraînera la nomination de Nikko comme
supérieur du temple local, le Kuonji. En 1284, il fonde le
temple de la Fleur de la loi (Hokkeji) à Kamakura dans le
quartier de Hamado, d’où le nom d’école
Hama sous lequel on désigne son courant. La même
année,
il adresse un mémoire aux autorités où il
reprend les enseignements du Traité
sur la pacification du
pays et l’établissement de l’orthodoxie (Rissho
Ankoku Ron) qu’il accompagne de ses propres critiques
concernant notamment le Tendaï et l’école
des
Paroles Véritable. La position des croyants à
Kamakura était déjà délicate et il n’est
pas très judicieux de réveiller un fauve assoupi,
surtout si l’on n’est pas en mesure de l’affronter.
Sa maison est attaquée par une bande de zélotes
exactement comme cela c’était produit en 1261 lorsque
des amidistes avait attaqué et incendié l’habitation
de Nichiren de Matsubagayatsu. Il est difficile
rétrospectivement
de comprendre les raisons qui ont poussées Nissho à
agir de la sorte. A-t-il voulu perpétuer une tradition de
remontrance comme au temps de Nichiren ? Quoiqu’il en soit, il
n’avait pas les moyens de résister aux conséquences
de son action.
Contre son gré, son neveu Nichiro
se trouve
également impliqué dans cette affaire et tous deux
doivent se justifier en se présentant comme des
réformateurs
du Tendaï. Chose que Nikko, de son lointain mont Minobu,
condamnera comme une trahison. A la fois Nichiro et Nissho, à
Kamakura sont en butte de façon plus ou moins aiguë
à
l’antagonisme de la régence et des autres écoles
bouddhiques.
En 1306, un croyant de la région de Sagami lui fait don d’un lieu de culte. Ce deviendra le temple de la Loi merveilleuse (Myohoji) dont il confie la direction à son disciple Nichijo. En 1317 il nomme Nisseki pour lui succéder à la tête du temple de la Fleur de la loi (Hokkeji). Il s’éteint en 1323 à l’âge, extraordinaire pour l’époque, de cent deux ans. |