Kimyo et la dévotion bouddhique |
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Nous tenterons ici de préciser certaines des nuances de kimyo selon un ordre progressif qui rende compte des degrés d'engagement auxquels cette expression renvoit. |
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Tout d'abord au degré le plus faible ce terme est équivalent de "Hommage à ..." suivi du nom d'un bouddha ou bodhisattva à qui l'on adresse sa dévotion. A un stade supérieur, il exprime le sentiment de vénération profonde que l'on ressent en soi. Il signifie également offir (c'est l'un des sens de gui) sa propre vie, ou être prêt à la donner pour le Bouddha ou la loi bouddhique. Sur ce sujet on se reportera par exemple à l'histoire du garçon des Monts enneigés telle qu'elle est racontée dans la Réponse à sire Matsuno. Pour apprendre une stance de l'enseignement bouddhique, ce garçon n'hésite pas à offrir son corps pour nourriture à une divinité qui se montre à lui sous l'apparence d'un ogre dans le but de le mettre à l'épreuve. |
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On ne peut s'empêcher de penser au célèbre vers du seizième chapitre du Sutra du lotus "Ils n'épargnent pas leur propre vie" (不自惜身命, Fu ji shaku shinmyo, Bu zi xu shenming). Nichiren emploie l'expression dans cette acception où il s'agit de donner sa propre vie. Ainsi dans la Lettre de Sado, explique-t-il que puisque rien ne saurait avoir davantage de valeur que notre propre vie, si nous sommes prêts à l'offrir pour apprendre la loi bouddhique alors l'on devient le bouddha. Notons bien qu'il ne s'agit pas ici d'offrir "gratuitement" ou d'une façon sacrificielle sa propre vie mais bien d'être prêt à l'offrir pour connaître la loi bouddhique. D'ailleurs comme le dit cette même Lettre de Sado, les hommes, dans de nombreux cas n'hésitent pas à donner leur vie pour des choses bien moins importantes que la loi bouddhique. Dans un autre registre, Somerset Maugham, dans ces carnets, définit l'homme comme étant une créature plus volontiers encline à donner sa vie pour quelque cause que se soit plutot qu'à apprendre une table de multiplication... Plus sérieusemement, pour revenir à la perception qu'a Nichiren du terme kimyo, dans le Jiri kuyo gosho (l'Offrande en tant que pratique et principe, Showa teïhon p 1262) il dit :"Pour vénérer les bouddha ou les dieux on commence par employer la formule Namu. Et si l'on se demande ce qu'est namu, disons qu'il s'agit d'un terme indien. En Chine ou au Japon on dit kimyo. Kimyo signifie donner sa vie au Bouddha. Selon le cas certains possèdent femme ou enfant, maisonnée, or ou argent. Il en est aussi qui ne détiennent nulle richesse. Pourtant que l'on ait des biens ou non, aucun ne surpasse ce que l'on appelle la vie. Ainsi ceux que l'on désigne par les termes de sages ou d'hommes avisés sont ceux là qui en offrant leur vie au Bouddha sont devenus des bouddha" Notons que dans l'ensemble des oeuvres de Nichiren qui nous est parvenu, l'expression kimyo est très peu employée sinon pour expliciter namu. |