Quelques approches du terme nirvana



Etymologiquement l'expression nirvana signifie l'extinction du souffle. Il est précisé dans les textes primitifs : "les attachements ordinaires se délient, la colère se dissipe et la bêtise disparaît". Alors apparaît la condition indolore et sereine du nirvana.

Le nirvana est doté des quatre vertus (四徳, shitoku, side) qui sont : la permanence (, jo, chang), le bonheur (, raku, lo), l'ego (, ga, wo) et la pureté (, jo, jing). La permanence embrasse les trois phases du passé, du présent et du futur et désigne la qualité de ce qui ne connaît pas de fin. Le bonheur est la joie qui découle de la libération de l'emprise de la souffrance et de la satisfaction de goûter le calme et l'apaisement du nirvana. L'ego est la qualité de celui qui a trouvé ce qu'il est vraiment et s'est donc départi de la notion purement individuelle de la personnalité. Et enfin la pureté représente le dégagement des troubles et souffrances dûs aux passions.

Quatre sceaux de la loi Quatre vertus
1 l'impermanence des multiples mouvements 1 permanence
2 les multiples dharma sont sans ego 2 ego
3 tous les mouvements sont souffrances 3 bonheur
4 sérénité et pureté du nirvana 4 pureté

De fait, ces relations qui sont parfois opposées et parfois complémentaires renvoient à la double acception de "permanence-bonheur-ego-pureté". En effet, cette expression revêt deux sens différents. A l'origine il s'agit de la quadruple erreur que commet l'homme ordinaire : il appelle éternité ce qui est impermanent, bonheur ce qui n'est que souffrance, soi ce qui est dépourvu d'ego et pur ce qui est impur. Ce raisonnement est une application des quatre sceaux de la loi. Par opposition à cette première distance que prend le bouddhisme vis-à-vis des conceptions ordinaires, nous trouvons les quatre qualités du nirvana : il est immuable, il est au delà des deux douleurs (la première : maladie et angoisse, la seconde : la douleur qui est apportée par les autres êtres), il est pleinement indépendant et il a épuisé les égarements, d'où la pureté

Ces quatre vertus du nirvana connaissent également d'autres applications, par exemple elles ont été associées par le penseur chinois Zhiyi (515~577) à la dénomination de la terre du Bouddha, la Terre de lumière toujours paisible (常寂光土, jo jakko do, chang jiguang tu). Il dit dans son ouvrage Mots et phrases de la Fleur de la loi (法華文 句, Fa hua wen ju) : "Toujours renvoie à la vertu de permanence, paisible à la vertu de bonheur et lumière aux deux vertus de pureté et d'ego".

La scolastique bouddhique s'est depuis longtemps posé la question de savoir si le bouddha souffrait ou non de maladies. Dans les sutra du Grand Véhicule, il arrive fréquemment que lorsqu'un bodhisattva se rende auprès d'un bouddha, il lui demande des nouvelles de sa santé, voire il s'enquiert des maux qu'il supporte. On se reportera notamment à L'Enseignement de Vimalakirti (traduction E. Lamotte) au chapitre IX " le bodhisattva Vimalakirti... s'enquiert de votre santé et vous demande si vous avez peu de tourments et peu de souffrances, si vous êtes alerte et dispos...". Ces paroles sont adressées au bouddha Sugandhakuta par le messager de Vimalakirti.

Il semble donc bien que le Bouddha lui-même soit sujet au veillissement et à la maladie. Toutefois, nous avons vu plus haut que la douleur est liée à un phénomène mental et physiologique d'accroissement de la souffrance. Au moins le Bouddha, par sa connaissance et ses pratiques spirituelles, échappe à ce phénomène d'amplification de la souffrance.

Retour au Dictionnaire

Retour à l'Accueil