Les sutra du Grand Véhicule

大乘經, Daijokyo, Dashengjing, Mahayana sutra







  Alors que les sutra du Petit Véhicule relatent les dits et les actes du Bouddha, probablement avec authenticité, les sutra du Grand Véhicule, d'une élaboration plus tardive, nous font apparaître des épisodes nettement plus spectaculaires. Nous voyons des assemblées s'élever dans les airs, des messagers fendre l'espace pour s'enquérir de bouddha qui existent dans d'autres univers, des personnages se transformer ou le bouddha émettre à partir d'un point entre ses sourcils un rayon de lumière capable de percer la terre pour éclairer jusqu'aux enfers. Sans parler de toute la faune fantasmagorique, dragons, centaures, pythons, chimères ou ogres qui, aux côtés des dieux et des disciples, font partie des assemblées qui se réunissent autour du Bouddha.




  En fait, ces sutra fonctionnent un peu à la façon d'opéras baroques. Des éléments de tous ordres sont mêlés à la prédication du Bouddha et lui confèrent une théâtralité très prenante. La part artistique, voire esthétique, y est fondamentale. Les personnages réitèrent sous forme de stances de vers réguliers les propos qu'ils viennent de tenir.





  On sent aussi que les textes recèlent un mystère que les commentateurs chinois, dans une approche parfois similaire à celle de la Kabbale, se sont efforcés d'indiquer en ayant d'ailleurs souvent recours aux nombres ou aux étymologies. Les digressions philosophiques révèlent également d'une élaboration tardive où nous percevons à la fois les propos du Bouddha mais également les exégèses ultérieures. Tels quels, ces sutra, par exemple Vimalakirti (Sutra de Nom-Pur) ou le Lotus, témoignent d'une sorte de genre d'expression, ou d'art complet où se mêlent l'enseignement religieux, la poésie, la philosophie, le symbolique et l'ésotérisme. De là, le succès dont ils ont fait l'objet en Extrême-Orient et particulièrement dans les cultures qui ont adopté l'écriture chinoise. En effet, les traducteurs tels Kumarajiva ou Xuanzang et leurs collaborateurs, ont adapté les textes au génie de la langue chinoise et ont également été les dépositaires de traditions recueillies en Inde puis réintroduites dans leurs versions.




  Ces œuvres ont connu une très vaste diffusion car leur caractère multiforme avait de quoi séduire tant les personnes peu instruites que les lettrés ou les religieux. En dehors des cercles bouddhistes, ces sutra ont également été une source d'inspiration à la fois dans les domaines de la poésie, du roman, de la statuaire et de la peinture.

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