Détail des six perfections et relation avec le diagramme des huit voies



Les six perfections sont :

1. Le don (布施, fuse, bushi, dana) : ou charité. Le don envers les ascètes ou les mendiants est une pratique ancienne de l’Inde. Le Bouddha lui-même était un religieux qui mendiait sa nourriture et les premiers bouddhistes ont été des moines mendiants (bhiksu) qui dépendaient pour leur subsistance des dons des laïcs. Toutefois, en tant que perfection, le don est davantage perçu en regard de l’acte de celui qui donne et de ce dont témoigne cet acte en tant que reconnaissance. A ce sujet, on se reportera au très beau texte de Nichiren, La Réponse à la dame Onichi, qui figure bien cette qualité de l’acte que doit atteindre le don.

2. L’observance des préceptes (持戒, jikaï, chijie, sila) : ou éthique. Que ce soit pour les religieux ou les laïcs, les préceptes ont joué un rôle fondamental dans la constitution de la communauté bouddhique. Ces préceptes sont avant tout des recommandations qui poussent l’individu à ne pas être nuisible envers ses pairs ni envers lui-même. Ils s’inscrivent dans une logique de respect du vivant qui sous-tend l’ensemble de l’éthique bouddhique. Surtout pour les religieux qui devaient observer un grand nombre de préceptes, ils témoignent de la maîtrise du corps et du mental.

3. La patience (忍辱, ninniku, renru, ksanti) : Cette qualité qui est abondamment illustrée dans la littérature bouddhique, montre l’attitude bienveillante et l’endurance que manifeste celui qui veut progresser dans la voie bouddhique.

4. La progression (精進, shojin, jingjin, virya) : ou énergie ou zèle, selon les traductions. Il s’agit de cet esprit qui pousse à progresser dans la pratique de la voie bouddhique et donc des six perfections.

5. La concentration (禪定, zenjo, chanding, dhyana) : ou méditation ou recueillement, selon les traductions. Qualité qui permet de pacifier l’esprit, de l’amener à un état de calme nécessaire à l’élaboration de la pensée juste. La qualité de la perception des phénomènes à laquelle aboutissent la vigilance et l’attention peut être ensuite intériorisée dans une concentration profonde. Le terme de recueillement est peut-être l'un des plus proches de la signification de dhyana, dans La Notion de prajna ou de Sapience selon les perspectives du Mahayana [réf. Editions E. de Boccard, 1968], Guy Bugault en donne la définition suivante : "concentration apaisée et introvertie" .

6. La prajna (般若, hannya, panruo, prajna) : ou intelligence, sapience, sagesse, discernement selon les traductions (sur ce point, voir l’article prajna). Cette perfection est la plus importante et elle est l’aboutissement des cinq précédentes. De ce fait, on perçoit le processus mental qui mène de l’attention à la concentration puis à la lucidité. Caractère de sagesse supérieure celle qui tranche les troubles, qui révèle le caractère intrinsèque et la compréhension des phénomènes. En tant que pratique, l’effort constant de lucidité et de vigilance que prônent les enseignements bouddhiques, développe le discernement. La perfection de la prajna découle de la volonté de connaître et de n’être pas dupe des notions communes ou de ses propres penchants.

Les six perfections découlent directement de la mise en application des huit voies (ou octuple sentier) qui sont le contenu de la dernière des quatre vérités. On peut donc faire la mise en relation suivante :

6perfectionset8voies


On remarque que dans ce cas, les deux perfections que sont le don et la patience ne sont reliées à aucune des huit voies, car il s’agit plutôt d’attitudes ou d’actions liéés à autrui et à la société et qui découlent de l’enseignement général du bouddhisme.

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