Les quatre identités et
six différences du Sens occulte et des Mots et phrases de la Fleur de la loi


  Dans leur appréhension du Sutra du lotus les deux traités, Sens occulte (Xuanyi) et Mots et phrases (Wenju), présentent une quadruple identité :

- l’identité des dénominations (myodo)

- l’identité de signification (gido)

- l’identité de référence (shoedo)

- l’identité de révélation (shogendo)



  Parce que dans les deux traités les termes bouddhiques essentiels sont employés de façon similaire, il y a identité des dénominations.

Le sens qu’ils revêtent étant le même, cela renvoie à l’identité de signification.

L’identité de référence tient à ce que les deux traités prennent pour fondement le texte du Sutra du lotus.

L’identité de révélation signifie que ce que finalement révèlent les deux traités est identique à savoir, selon les termes de Saïcho : la sagesse qui est la perception de l’aspect véritable qui dépend des conditions et, dans le même temps le principe qui lui est l’aspect véritable immuable.






  Les six différences (六異, rokuï) sont :

- la différence thématique (shakumyo i)

- la différence entre le fil principal et les mailles du filet (daïko momoku i)

- la différence entre l’origine et la fin (homatsu i)

- la différence d’introspection (ou de vision du coeur kanjin i)

- la différence d’intériorité ou d’extériorité de la vision quant aux enseignements (kyo naïge kan i)

- la différence entre la pratique personnelle et l’adaptation à autrui (jigyo keta i).






  La différence thématique tient à ce que le Sens occulte s’attache à une interprétation à partir des cinq idéogrammes qui forment le titre du Sutra du lotus, alors que les Mots et phrases expliquent les phrases du Sutra.

  Cela permet d’amener la comparaison entre les mailles et le fil principal du filet, le Sens occulte qui saisit le principe représenterait le fil principal et les Mots et phrases, qui restent liés au texte d’une façon chronologique, les mailles.

  Ces deux traités ont également des champs de compréhension différents. Dans le Sens occulte, Zhiyi voulant enseigner l’essentiel à propos du titre du Sutra du lotus, indique ce qui est à l’origine du courant bouddhique, alors que les enseignements des Mots et phrases peuvent davantage aider la pratique du bouddhisme dans son application, d’où la différence entre l’origine et la fin.

  La différence d’introspection, tient à ce que, selon le Sens occulte, ce n’est qu’après avoir assimilé les principes bouddhiques que l’on se livre à l’examen de son propre esprit, alors que pour les Mots et phrases, cette opération résulte plutôt de l’appréhension des phénomènes.

  Le Sens occulte ne traite pas explicitement de l’examen de l’esprit, mais les profonds principes qu’il révèle amènent à cette contemplation de l’esprit. Cette notion est donc inhérente et contenue implicitement dans le texte. C’est l’intériorité de la vision quant aux enseignements. A l’inverse, les Mots et phrases traitent explicitement de l’introspection, ce qui fait que vis-à-vis du corps des enseignements (le corpus bouddhique indien) cette notion est nouvelle et se situe donc à l’extérieur de ce corpus. Là, le raisonnement est poussé : ce qui est implicite, puisque ce n’est pas dit, est présent dedans et ce qui est explicite, vu que c’est ajouté et donc nouveau, est dehors...

  Pour finir, avec la sixième différence, le Sens occulte, par son examen de la loi merveilleuse, débouche sur la pratique personnelle tandis que les Mots et phrases visent davantage à l’utilisation des capacités des êtres et se rattachent donc à l’adaptation à autrui.

  Il est regrettable que les principales œuvres du Tiantai ne soient pas traduites en français car ces commentaires et exégèses du Lotus sont extrêmement fournis et constituent sans doute une des expressions les plus abouties de la pensée bouddhique chinoise. Malheureusement, je n’ai pu en donner qu’un aspect bien parcellaire et il est difficile, juste pour expliciter un terme, de dégager quelques notions de l’ensemble auquel elles renvoient constamment.

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