Courrier des
lecteurs
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Quelques mails qui traitent d'autres thèmes : - Lecture des idéogrammes chinois sur Miaofa |
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- Lecture des idéogrammes chinois sur
Miaofa Depuis le 25 avril 2005, j'ai commencé à inclure dans le Dictionnaire Miaofa des idéogrammes chinois. Des lecteurs ont rencontré des difficultés d'affichage. Voici, peut-être, comment les résoudre : Cliquer sur le menu Outils de votre navigateur puis Options internet, puis Langues, Ajouter ..., Chinois. Il faut vérifier également dans le menu Affichage, qu'à la rubrique Codage, Sélection automatique soit cochée. |
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- Un passage des écrits de Nichiren à
propos du couple ...
j’aimerais que tu me trouves un traité de Nichiren ou il est
question d’amour, de respect, etc.. entre 2 personnes qui s’aiment…Un
traité sur la vision bouddhique (s’il en existe) de l’amour dans
un couple…
Comme je te l'ai dit, je connais très peu de passages des écrits du Maître où il aborde ces points. Le passage du Kyodai sho que tu m'indiques est tout à fait intéressant même si nous manquons probablement d'éléments contextuels pour bien apprécier ce qui est dit. J'en ai fait la traduction. En fait, le sens de ce texte me semble moins évident que ce qu'en laissent paraître les traductions que tu m'as indiquées. De plus, il s'adresse à des interlocuteurs précis et je ne suis pas sûr du tout que les concepts soient universellement généralisables... |
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Extrait du Kyodai sho, l'Épître aux frères. Showa teihon p 932. Quant à vous deux, vous êtes pareils au Tempéréi et à Vaillantii. Que l'un fasse défaut et rien ne peut être mené à bien. Ainsi êtes-vous comme les deux ailes d'un oiseau ou les yeux d'un homme. De plus, vos épouses sont vos bienfaiteursiii à tous deux. Être femme c'est tout en suivant de faire suivre. Qu'un mari soit heureux c'est que son épouse également est comblée et si un homme est un voleur, sa femme doit l'être aussi. Cela ne concerne pas seulement cette existence-ci. Au fil des époques et des naissances cela se poursuit, tout comme l'ombre et le corps, la fleur et le fruit ou la racine et le feuillage. L'insecte se nourrit de l'arbre qu'il habite et le poisson boit l'eau dans laquelle il nage. Quand l'herbe fane, l'orchidée se désole et quand le pin prospère, le cyprès se réjouit. Même pour les végétaux, il en va ainsi. L'oiseau que l'on appelle Ailes-Alignéesiv est bicéphale. De ses deux becs il nourrit son corps unique. Les poissons que l'on appelle Yeux-Alignésv ne possèdent qu'un oeil chacun, ils vivent en couple sans s'éloigner l'un de l'autre durant toute leur existencevi. Il en va de même pour les époux. Quand bien même, pour la cause de cette doctrine, serait-on maltraitée par son mari, on ne doit pas s'en affliger. Si ensemble vous fortifiez l'esprit de vos maris, vous suivrez les pas de la Fille-Dragon et serez le modèle des femmes qui deviennent des bouddha dans cette époque mauvaise de l'ère finalevii. Si vous agissez de la sorte, quoi qu'il arrive, Nichiren s'adressera aux deux sages, aux deux divinitésviii, aux dix ogresses, à Shakya et à Maints-Trésors afin que dans toutes vos existences successives vous deveniez des bouddha. Être le maître de son coeur plutôt que laisser celui-ci devenir le maître, comme nous le dit une phrase du Sutra des six perfectionsix. Quelles que soient les épreuves rencontrées, considérez-les comme un rêve que seul le Sutra du lotus peut dissiper.
------------------------------ Puisqu'il était question
de trouver un extrait relatif au couple, ce texte en est une
illustration significative. Plus que le couple,
l'élément récurrent ici est ce qui fonctionne,
bien ou mal, par paire. Evidemment le couple est l'un de ces
éléments. Dès la première
phrase la notion de paire s'impose et il va en être ainsi durant
tout le reste du texte. La continuité structurelle de cet
extrait est liée au nombre 2. Ainsi dans le premier paragraphe,
avons-nous une succession des paires suivantes : vous deux (les deux
frères destinataires de cette lettre), l'ermite
Tempéré et son disciple Vaillant, les deux ailes d'un
oiseau et les deux yeux d'un homme. Il s'agit de couples où la
défection de l'un des éléments entraînerait
une sorte de dysfonctionnement. La suite du texte continue de
s'articuler sur cette notion de paire au travers d'une
énumération dynamique : de nouveau les deux frères
puis leur deux épouses (nous avons là une structure d'
altérité constructive, non pas deux couples homme-femme
mais le couple des frères et celui de leurs épouses),
ensuite nous passons au couple mari et femme puis à des couples
de phénomènes interdépendants, l'ombre et le
corps, les racines et le feuillage. Nous continuons avec les couples de
fonctionnement : les deux têtes de l'oiseau bicéphale et
les deux corps des poissons dont la vision est unilatérale. Même les cinq bonnes divinités successives sont appariées et présentées par couples : les deux bodhisattva et les deux rois célestes. Enfin vient l'un des couples finaux : soi et son esprit (son coeur). Après toutes ces énumérations de couples qui se présentent souvent dans une sorte d'altérité vitale, l'unité se manifeste sous la forme du Sutra du lotus dont l'unicité est renforcé par le mot "seul" (renforcé en japonais par l'usage à la fois de tada et de nomi) qui rompt avec les pluriels qui prévalaient jusqu'alors. i Inshi : ii Resshi : iii Danna en japonais. A l'origine ce mot chinois (tanna) est une translittération du sanskrit dana qui l'une des six perfections, la première, celle du don. Cette étymologie est probablement commune avec le mot don en français. Par la suite le terme a désigné, par extension du sens, le donateur. Dans la communauté bouddhique, il est l'appellation des laïcs en ce sens où le clergé subsiste grâce aux dons des laïcs. Il signifie alors un maître de maison et est resté une appellation familière utilisée pour désigner un patron, un chef ou son mari pour une femme. Dans cette Épître aux frères, Nichiren conseille aux deux frères Ikegami de considérer leur épouse de la sorte, ce qui est loin d'être courant. iv Hiyoku : v Hihoku : vi J'ai rajouté quelques mots pour la compréhension de cette phrase, notamment le mot couple. Littéralement Nichiren dit d'une façon plus elliptique : « Parce que les poissons que l'on appelle Hihoku n'ont qu'un oeil chacun, ils ne s'éloignent pas durant toute leur existence. » vii Matsudai
: également traduit âges
derniers. viii Nisho et niten (deux sages et deux
divinités) : les deux sages sont
les deux premières des cinq
bonnes divinités successives qui interviennent dans le chapitre XXVI du Lotus à savoir les
bodhisattva Roi des Remèdes et Don-Héroïque. Les deux
divinités sont les rois célestes Grande-Ecoute et Gardien du Pays qui sont les
suivantes parmi ces divinités successives du chapitre XXVI du Lotus.Les dix ogresses auxquelles Nichiren fait
ensuite allusion sont les dernières de ces cinq
divinités. Dans cette partie du texte il y une
récurrence du chiffre 2 et ces cinq divinités sont
énumérées par paires. ix Rokuharamitsukyo : abréviation courante du titre du Daijorishu rokuharamitttakyo, Dashengliquliupolomitojing, le Sutra des six perfections de l'intérêt aux principes du Grand Véhicule. Sutra qui ressortit des sutra de la prajna et qui explique les six perfections auxquelles les bodhisattva s'entraînent. |
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- Au dela du bouddhisme tibétain "Une question le bouddhisme peut t il trouver sa voie en France au delà du dalai lama ?" Oui,
il faut le souhaiter. Le bouddhisme tibétain et
particulièrement le dirigeant de cette école n'ont pas pu
préserver leur propre pays. Déraciné, il est bien
obligé de s'adapter pour survivre. Il est dans un cycle de
transformation rapide.
Il serait donc souhaitable que les écoles indiennes et chinoises du Grand Véhicule se fassent mieux connaître en France et surtout fassent mieux connaître leurs textes et penseurs. Dans ce cas le bouddhisme tibétain, ce qu'il représente historiquement et culturellement, serait perçu d'une façon plus précise. J'en dis quelques mots dans une conférence à propos des principaux courants du bouddhisme contemporain. |
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