La Représentation des quatre bodhisattva










    J’ai bien reçu votre don d’une tunique blanche1, d’une robe légèrement teintée2, d’un kasaya3 de même couleur et d’une ligature de mille pièces4. Les mots ne peuvent que difficilement témoigner de cette volonté d’accomplissement qui est votre et qui ne date pas d’hier5. Quel que soit le jour où nous nous reverrons, je voudrais vous dévoiler les lueurs qui brillent en mon cœur.

    Dans votre lettre, vous dîtes m’avoir entendu plusieurs fois enseigner que la représentation du vénéré Shakya, souverain de l’enseignement de la réalisation ancienne6 de la doctrine originelle7 doit se faire avec les quatre bodhisattva8 pour servants9. Cependant, vous demandez quand cela se fera. 

    Depuis plus de deux mille ans10 que le Bouddha a quitté ce monde, la propagation de la loi bouddhique s’est étendue de l’Inde à la Chine, au Japon et à tout le Jambudvipa11. La sangha12 a poussé comme le riz et le chanvre et le dharma13 comme les bambous et les roseaux14.

    Et pourtant, jusqu’à présent on ne trouve aucun temple où le vénéré Shakya, souverain de l’enseignement de la doctrine originelle aurait été érigé avec à ses côtés les bodhisattva de la conversion originelle15. On n’en décèle pas la moindre trace non plus tout au long des trois dynasties16. Ceux qui ont édifié les dizaines de milliers de temples du Japon ne savaient pas qu’ils devaient y placer le souverain de l’enseignement de la doctrine originelle et ses servants.

    Le prince Jogu17 fit construire le premier temple du Japon et l’appela temple des Quatre rois célestes mais il y fit ériger pour vénéré fondamental18 le bouddha Amita19 avec pour servants Contemplateur des Sons20 et d’autres auxquels furent adjoints les quatre rois célestes21.

    Le grand maître Dengyo22 en fondant le temple Enryakuji23 fit tailler, dans la chapelle centrale, le vénéré fondamental sous les traits du Roi Palmes d’Orient24 mais non pas le souverain de l’enseignement de la réalisation ancienne et ses servants. Les sept grands temples de Nara25 également n’en témoignent pas plus que les nombreux temples de province.

    Les uns et les autres erraient de la sorte, pourtant, si l’on porte son regard sur les phrases du Sutra du lotus, la raison de tout ceci apparaît de façon évidente. Tant que nous n’étions entrés dans cette époque des luttes et disputes acharnées26 de la fin de la loi27, il est clair ces statues ne devaient pas être révélées28.

    Les maîtres des doctrines29 et les maîtres des hommes30 qui apparurent lors des temps des lois correcte et de semblance ne purent les édifier car l’interdiction qu’en avait faite le Bouddha pesait. Si durant les époques de la loi correcte ou de la loi de semblance on avait représenté le vénéré Shakya accompagné de ses servants cela aurait été comparable à ce que le soleil brille la nuit ou la lune en plein jour.

    Comme dans les cinq cents premières années de la loi finale le bodhisattva Pratique-Supérieure doit apparaître et effectuer cette représentation, les maîtres des hommes et des doctrines, qui étaient les quatre appuis31 des lois correcte et de semblance ne pouvaient donc révéler même un mot à ce sujet.

    Nagarjuna32 et Vasubandhu33 savaient mais leur bouche ne pouvait dire. Le grand maître, le sage du Tiantai34 lui aussi savait mais il était l’un des bodhisattva de la conversion empruntée et même s’il a donné un aperçu de tout ceci, il n’en a pas révélé le sens véritable. Il ne fit que le divulguer vaguement de même qu’au réveil on perçoit le cri du coucou tandis que le rêve s’estompe35.

    Quant aux autres maîtres des hommes, ils n’en soufflèrent pas même mot. Car ces maîtres des doctrines et des hommes des deux mille ans de la justesse et de la semblance relèvent de la conversion empruntée36 et n’apparaissent pas dans la fin de la loi ; ils avaient donc reçu au Mont sacré37, l’interdiction formelle de s’exprimer ne serait-ce même que sur l’apparence du vénéré Shakya, souverain de l’enseignement de la réalisation ancienne de la doctrine originelle accompagné de ses servants de la réalisation ancienne, les quatre bodhisattva surgis de la terre38, Pratique-Supérieure et les autres.

    Mais maintenant nous sommes entrés dans l’ère de la fin de la loi  et pour nous conformer parfaitement aux paroles d’or du Bouddha, le temps est venu où nous devons représenter le bouddha originel et ses servants originels. Et puisque notre époque se révèle être ce temps là, alors les bodhisattva surgis de la terre ne vont pas manquer de se manifester. Alors en tout premier lieu, il convient d’ériger les quatre bodhisattva. Le temps est, on ne peut plus propice.

    Aussi le grand maître du Tiantai soupirait-il  : «Dans les cinq cents dernières années39, on bénéficiera pour longtemps de la voie merveilleuse40 » et le grand maître Dengyo se languissait-il à l’idée que « La justesse et la semblance41 touchent déjà à leur terme et la fin de la loi arrive rapidement ; elle sera certainement le temps des dispositions propices au véhicule unique42 de la fleur de la loi ».

    Au regard des choses du monde, Nichiren est le plus pauvre hère du Japon mais selon la loi bouddhique, il est l’homme le plus riche de tout le Jambudvipa43. Quand je songe que cela n’est dû qu’au temps44, une joie surabondante rend « les larmes d’émotion difficiles à réfréner 45» et la gratitude envers le vénéré Shakya, souverain de l’enseignement, lourde à acquitter.

    Il semble bien que ceux qui ont reçu la passation des corbeilles de la loi46 ont joui d’une rétribution inférieure à celle impartie à Nichiren. Même le grand maître du Tiantai et le grand maître Dengyo n’y peuvent prétendre. Ainsi est-il temps d’ériger les quatre bodhisattva.

   - Quelle phrase atteste de cette nécessité d’ériger les quatre bodhisattva ?47

   - Dans le chapitre Surgis de la terre, nous trouvons : « Il y a quatre dirigeants, le premier se nomme Pratique-Supérieure, le deuxième Pratique-Infinie, le troisième Pratique-Pure et le quatrième Pratique-Pacificatrice48 ».

 -  Y a-t-il une phrase du Sutra relative à la nécessité d’y procéder durant les cinq cents dernières années ?

  - Le chapitre Roi des Remèdes dit : « Après mon extinction, dans les cinq cents dernières années, propage-le49 largement50 dans le Jambudvipa et fais qu’il ne s’interrompe point51 ».


   Dans votre lettre vous me dîtes avoir appris que des personnes proches d’Ota prétendent unilatéralement52 que la doctrine empruntée53 ne permet en aucun cas de posséder la voie54.

Il s’agit-là d’une erreur extravagante. Il importe de garder à l’esprit la chose suivante. La superficialité ou la profondeur, l’avantage ou la faiblesse, l’accord ou l’opposition55, le principal ou l’accessoire dans les deux doctrines que sont l’empruntée et l’originelle ne dépendent que du temps56 et des dispositions57. Il est trois périodes distinctes où les enseignements sacrés délivrés de son vivant58 doivent être propagés. Et les dispositions, elles aussi, varient de la sorte59.


Durant les cinq cents premières années après l’extinction du Bouddha il convient d’appliquer uniformément le Petit Véhicule, dans les cinq cents ans suivant, le Grand Véhicule provisoire60 et dans les mille années de la semblance de la loi, la doctrine empruntée du Sutra du lotus.


Au début de la fin de la loi, il faut fidèlement s’en remettre à la doctrine originelle. Mais ce n’est pas parce que l’époque est celle de l’adhésion à la doctrine originelle que l’on doive abandonner pour autant la doctrine empruntée. Aucune phrase dans tout le Sutra du lotus ne stipule que ses quatorze premiers chapitres61 doivent être écartés.


Lorsque l’on établit une distinction entre l’originel et l’emprunté62, on répartit les enseignements sacrés délivrés de son vivant en trois classes ; l’antérieur63 et la doctrine empruntée doivent être propagés durant la loi juste et la semblance de la loi et la doctrine originelle lors de la fin de la loi.


A notre époque, la doctrine originelle est principale et la doctrine empruntée accessoire. Ceux qui prétendent que la doctrine empruntée ne permet pas de posséder la voie, qu’elle doit être écartée pour ne se consacrer exclusivement qu’à la doctrine originelle, ces personnes n’ont pas encore appréhendé le sens véritable de l’enseignement de Nichiren. Leurs vues sont tout à fait partiales.


Et ceux qui adoptent ces opinions extrêmes qui n’émanent pas de mes doctrines manifestent bel et bien les démons malfaisants qui ont pris possession de leur corps pour les faire choir, eux et les autres, dans la citadelle infernale64. Que c’est pitoyable !


Transmettez ceci aux autres de la même façon que je vous ai instruit de ces doctrines au fil des ans. Ainsi ceux-là qui se prétendent mes disciples doivent-ils vouloir pratiquer le Sutra du lotus de la même façon que Nichiren. Si les choses se font de la sorte, Shakya, Maints-Trésors65, les corps fractionnés des dix directions66 et les ogresses les protègeront. Quant aux autres67, je ne peux sonder ce qu’ils ont à l’esprit.


Le décès du religieux Nichigyo68 est bien affligeant. J’ai lu des phrases du Sutra du lotus et récité Namu Myohorenguékyo avec le souhait que Shakya, Maints-Trésors, les bouddha des dix directions l’accueillent au Pic sacré.



Je ne suis pas encore remis des maux qui ont affecté mon corps aussi ai-je dû quelque peu abréger.



Je vous écrirai encore.


Avec craintes et respect



   Septième jour du cinquième mois de la deuxième année Koan69                                     Nichiren7

      Réponse à sire Toki






Titre original Shi bosatsu zoriu sho

Nichiren shonin ibun, Showa teïhon p 1647









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1 Sorte de vêtement, de chemise longue. Les manches étaient relativement courtes mais très larges.



2 Littéralement teintée d’encre sumi (encre de Chine). On obtient ainsi un tissu d’un blanc à peine grisé. De nos jours Les robes des moines des courants relevant de Nichiren sont encore de cette couleur.



3 kasaya (kesa, jiasha) : un des vêtements liturgiques des moines bouddhistes. Il s’agit d’une sorte de poche qui se porte en bandoulière sur l’épaule gauche par-dessus la robe.

4 Les pièces étaient trouées en leur centre ce qui permettaient de les attacher ensemble en les enfilant sur un cordon. Littéralement gamoku signifie œil d'oie, l'aspect de cette pièce au centre percée évoquait l'œil de cet oiseau.

5 Littéralement « de maintenant ».



6 réalisation ancienne (kujo, jiucheng) : abréviation de véritable réalisation du passé ancien, (kuonjitsujo, jiuyuanshicheng)



7 doctrine originelle (honmon, benmen) : littéralement, hon, ben = origine ; mon, men = portail que l'on doit franchir pour recevoir un enseignement. Doctrine enseignée dans les quatorze chapitres qui constituent la seconde moitié du Sutra du lotus et qui vont du chapitre XV, Surgis de la terre, au chapitre XXVIII, Exhortation du bodhisattva Sage-Universel. Egalement traduit par "partie originelle".

8 Les quatre bodhisattva de la doctrine originelle sont ceux qui mènent le groupe des bodhisattva surgis de la terre dans le chapitre XV du Lotus. Ce sont Pratique-Supérieure (Jogyo), Pratique-Illimitée (Muhengyo), Pratique-Pure (Jogyo) et Pratique-Pacificatrice (Anryugyo).



9 servants (kyoji, xieshi) : généralement traduit en français par acolyte. Personnages représentés de chaque côté d’une statue d’un bouddha et qui, en tant que disciples, l’assistent. Ces représentations bien connues sous le nom de triades montrent un personnage central (un bouddha) flanqué de deux personnages plus petits (des bodhisattva). Les plus usuelles sont la triade de Shakyamuni avec Manjushri et Sage-Universel pour servants qui expriment les qualités d’intelligence liées à ce bouddha et la triade d’Amita dont les servants Contemplateur des Sons et Puissance-Extrême illustrent le caractère spectaculaire. Dans le traité de Nichiren La Représentation des quatre bodhisattva, il décrit une pentade, groupe de cinq personnages, constituée de Shakyamuni avec pour servants les quatre bodhisattva surgis de la terre. Selon lui cette statuaire qui n’a jamais été présentée jusqu’alors, est la plus adaptée à l’époque.


10 Nichiren, comme ses contemporains, se fonde sur l’ancienne tradition bouddhique chinoise qui date le décès du Bouddha du milieu du Xe siècle avant notre ère. Cela fait un décalage de plus de quatre siècles quand même avec les datations des recherches historiques récentes. On trouve encore des dignitaires religieux des écoles nichirenistes qui s’en tiennent mordicus à la vieille datation chinoise ; pour eux admettre les estimations actuelles reviendraient à reconnaître que les écrits de Nichiren ne comportent pas que des vérités intemporelles et absolues. Toutefois, Nichiren écrivait également pour communiquer avec ses contemporains et toute communication repose sur l’acceptation de notions générales qui forment les bases communes de la connaissance des hommes d’une même époque. En fait, selon les textes on trouve différentes estimations pour tenter une datation du début de la Fin de la loi. Une étude très complète d’Etienne Lamotte sur ce sujet figure dans Présence du Bouddhisme, Gallimard 1988, sous le titre Prophéties relatives à la disparition de la Bonne Loi. Elle aborde à la fois le scénario de la fin de la loi du Bouddha et les dates avancées. A chaque fois c’est un décompte à partir du décès du Bouddha et, selon les textes, on trouve 500, 1 000 1 500, 2 000, 2 500, 5 000 ou 10 000 ans. Huisi (515 – 577), par exemple, l’un des fondateurs de la tradition du mont Tiantai, estime que la loi juste dure 500 ans, la semblance de la loi 1000 ans et la fin de la loi 10 000. Si nous admettons que le décès du Bouddha a eu lieu vers la fin du V° siècle avant notre ère, cela fait commencer la fin de la loi vers le XI° siècle. Notons enfin qu'au début du Ve siècle, lors de son voyage en Inde, le moine chinois Faxian se renseignant sur les datations locales du décès du Bouddha remarque : " Quand au temps qui s'est écoulé depuis le Nirvana du Bouddha, les écoles diffèrent d'opinion. Les uns comptent environ mille deux cents ans, les autres mille trois cents ans. Quelques uns comptent environ quinze cents ans, enfin suivant d'autres, il s'est écoulé plus de neuf cents ans mais pas tout à fait mille ans" [in Catherine  Meuwese, L'Inde du Bouddha vue par les pélerins chinois sous la dynastie Tang, Calmann-Lévy 1968]. Cela nous donne une fourchette assez large qui varie de -1400 à -500. C'est cette valeur la moins ancienne qui semble aujourd'hui la plus cohérente, notons qu'à l'époque déjà c'était celle qui était formulée avec le plus de précision (... plus de neuf cents ans mais pas tout à fait mille ans). 


11Jambudvipa (Embudaï, Yanfuti) : d’après la représentation indienne antique du monde, l’un des quatre continents. Jambu désigne un arbre de haute taille aux feuilles triangulaires (eugenia jambolana) et dvipa signifie continent. Il s’agit donc du continent où pousse cet arbre. Dans cette conception, le monde comprend quatre continents qui sont disposés selon les quatre points cardinaux autour du mont Sumeru. Le Jambudvipa est le continent du sud. Sa forme est large au nord et étroite au sud. Chose étonnante, nos continents du sud, Amérique, Afrique, Asie (Inde), ont cette forme triangulaire. La vie y est moins heureuse que sur les continents oriental et septentrional mais c’est là que les bouddha apparaissent. Il est probable que dans un premier temps le terme désignait le sous-continent indien pour signifier ensuite notre Terre. On trouve également souvent l’expression ichi embudaï, yi yanfuti qui désigne la totalité du Jambudvipa.

12 Communauté des moines ou des croyants. L'un des trois trésors, les deux autres étant le bouddha et la loi.

13 Le dharma : la loi bouddhique. L'un des trois trésors, les deux autres étant le bouddha et la communauté. Il est intéressant de noter que Nichiren évoque seulement deux des trois trésors et constate leur état de dégénérescence.



14 Quel constat ironique et sévère ! Cf. Dictionnaire : riz et chanvre, bambous et roseaux doma kuchiï, daoma zhuwei. Locution extraite du chapitre des Moyens du Sutra du lotus (ref le Sutra du Lotus, traduction J.-N. Robert p 70) et qui indique le foisonnement et le désordre.

15 conversion originelle (honke, benhua) : peut également se prononcer honge en japonais ; dont la conversion remonte à l’origine telle qu’elle apparaît dans le chapitre XV du Sutra du lotus. Désigne les bodhisattva surgis de la terre qui apparaissent dans ce chapitre et particulièrement les quatre qui les mènent . Antonyme : conversion empruntée.

16 trois dynasties (sancho, sanzhao) : à l’instar du caractère chinois zhao qui la compose, cette expression recouvre des significations très différentes. Par mutation du sens, zhao désigne le matin, l’aurore mais aussi la cour impériale, une dynastie, une visite, une réunion, voire une orientation. Le terme bouddhique signifie :


- les trois pays et aires culturelles que sont l’Inde, la Chine et le Japon, dans ce cas nous traduisons par "trois dynasties",
- le premier matin de l’année, du mois et du jour
- le matin du troisième jour du mois
- trois règnes dynastiques
Ici, c’est la première acception qui est utilisée.










17Jogu [prince] (Jogu taishi) : nom sous lequel Nichiren désigne le prince Shotoku (Shotoku taishi, 573 – 621). Fils de l’empereur Yomei, il se rallie au clan Soga qui se caractérisait par ses tendances favorables aux influences continentales et donc bouddhistes. En 587, ce clan l’avait emporté sur d’autres qui eux étaient davantage proches du shinto. Le prince Shotoku est nommé régent impérial par l’impératrice Suiko en 593. Un an après, il édicte des décrets pour favoriser l’implantation du bouddhisme au Japon. Très influencé par la civilisation chinoise, il cherche à "moderniser" le Japon en y introduisant cette culture. Il établit des relations diplomatiques avec la Chine et accueille des artisans, des lettrés et des moines. En 604 il promulgue une constitution en dix-sept articles dont s’inspirera la réforme Taïka (645-650). Jusqu’à sa mort il promeut la construction de nombreux temples dont le Horyuji à Nara. Le rôle du prince Shotoku a été fondamental pour faire sortir le Japon de l’état d’arriération qui était le sien, par assimilation des influences coréennes et chinoises. Pour avoir une idée du retard à combler, il faut savoir qu’avant d’adopter les idéogrammes chinois, les japonais ne disposaient d’aucun système d’écriture.

18 vénéré fondamental : traduction possible du terme honzon, benzun. Représentation généralement sculptée d’un bouddha ou d’un maître à qui s’adressent la vénération et les offrandes. Principale effigie d’un temple ou d’une chapelle. Lorsque l’expression est employée dans ce sens, pour désigner une statue ou une représentation proposée aux fidèles dans le cadre d’un culte ou d’une vénération, je traduis par "vénéré fondamental". Par contre lorsqu’il s’agit du honzon original que Nichiren commença d’inscrire après la persécution de Tatsunokuchi, je garde le mot japonais honzon ou gohonzon, faute d’équivalent dans notre langue.



19 Amita (Lumière-Infinie, Longévité-Infinie, Amida, Emituo, Amituo, Amita, Amitabha ou Amitayus) : bouddha qui apparaît dans certains sutra du Grand Véhicule. Inconnu du bouddhisme primitif, son culte est depuis longtemps le plus populaire en Extrême-Orient, à tel point qu’il a grandement éclipsé le culte rendu au Bouddha historique, Shakyamuni. Au début pourtant, son paradis occidental n’était que l’une des terres de bouddha. Les conditions qui ont présidé à la naissance de la dévotion dont il fait l’objet sont pour le moins obscures. Les influences indiennes semblent peu nombreuses, il y a eu probablement rencontre avec des cultes locaux des régions occidentales de la route de la soie. Toute une littérature s’est crée sur ses vies antérieures, ses qualités, etc. Il n’y a qu’en Chine et dans les pays qui ont assimilé la culture chinoise que le culte d’Amita s’est répandu. Il faut dire que les pouvoirs d’Amita sont considérables et que la seule pensée de faire vœu de renaître dans son paradis est salvifique. Amida lui-même a fait vœu de sauver tous les êtres, il est prêt même à la damnation, s’il ne peut sauver un seul être qui aurait fixé son esprit sur lui et ce, quels que soient les méfaits du croyant en question. Nous sommes là dans le domaine de la piété populaire et l’on imagine facilement les renchérissements multiples qui ont marqué le culte rendu à ce bouddha. Cela dit, les écoles savantes et ésotériques n’ont pas été en reste et ont développé différents aspects de la symbolique qui lui est liée. Dans le Tiantai chinois les sutra relatifs à Amita sont considérés comme ressortissant de la troisième période dite du déploiement. Toutefois les tendances syncrétiques de cette école ont amené également une contagion d’éléments du culte d’Amita. Nichiren a une position unique vis-à-vis de ce courant du bouddhisme, il le condamne sans réserve.





20 Contemplateur des Sons du Monde [bodhisattva] (Kanzeon bosatsu, abrégé sous la forme Kannon, Guanshiyin pusa abrégé en Guanyin, Avalokitesvara ) : une des figures les plus populaires du bouddhisme et sans doute le personnage le plus représenté par l’iconographie. Son nom assez étrange est le fait intentionnel ou non des traducteurs chinois. En sanscrit, Avalokita signifie "qui abaisse son regard" et Isvara, seigneur. La liaison entre les deux termes n’a pas été retenue et l’on a compris le deuxième terme comme étant svara : bruit, son. Ceci dit, la poésie classique chinoise était volontiers symboliste et ce genre de rapprochements entre des types de perceptions différents ne devait pas déplaire. Quoi qu’il en soit la popularité du culte rendu à ce bodhisattva a été immense.

21 quatre grands rois du ciel (shidaïtenno, sidatianwang). Quatre rois deva de la mythologie indienne. Placés sous les ordres d'Indra, chacun d'entre eux se tient sur l'un des quatre versants du mont Sumeru et est le seigneur de deux des huit classes d'êtres fantastiques (hachibukishu, babuguizhong). Dans le premier chapitre Prologue du Sutra du lotus, ils viennent assister au prêche du Bouddha et dans le vingt-sixième, Formules détentrices (dharani), ils jurent de protéger le pratiquant du Lotus.



22 grand maître Dengyo (Dengyo daïshi) : littéralement grand maître de la Transmission des Enseignements. Titre honorifique conféré par la cour impériale en 866 à Saïcho (767 – 822). Dans les écrits de Nichiren, c’est généralement sous ce titre qu’il désigne Saïcho. Ce dernier a été le premier "grand maître" du Japon. Il est qualifié de Transmission des Enseignements car il a rapporté de Chine les doctrines du Tiantai fondant de la sorte l’école japonaise du Tendaï.

23 Enryakuji : temple principal du Tendaï près de Kyoto sur la hauteur du Hieïzan. Ses bandes de moines armés qui échappaient complètement aux autorités religieuses du temple étaient particulièrement turbulentes et furent à l'origine de nombreux désordres et exactions jusqu'à leur défaite par les troupes de Oda Nobunaga qui incendia le temple en 1571. Il ne fut reconstruit que partiellement et son pouvoir s'affaiblit.

24 Rédaction de la note en cours.

25 sept grands temples de Nara (Nara shichi daïji) : sept temples ou monastères construits à Nara, l’ancienne capitale du sud durant les VIIe et VIIIe siècles. Ces grands temples ont été fondés par la cour ou de grandes familles. Ils ont été le foyer de la diffusion assez élitiste des premières écoles bouddhiques continentales importées au Japon. La liste généralement reconnue de ces sept temples comprend :


Le Todaïji (Grand Temple oriental) qui ressortit du Kegon (Guirlande de fleurs) mais où est également enseigné la scolastique du Kosa (Kusha) et l’école Hosso (Faxiang, Caractères des dharma).
Le
Kofukuji (Temple de la Félicité), temple de la famille des Fujiwara où l’on enseigne le Kosa et l’école Hosso.
Le
Gangoji (Temple de l’Origine prospère) où l’on retrouve un mixte de l’école des Trois traités et Jojitsu (Petit Véhicule).
Le
Daïanji (Temple de la Grande Paix) qui ressortit de la tradition Jojitsu.
Le Yakushiji (Temple du Maître ès Remèdes) qui enseigne les écoles des Trois traités et Hosso.
Le Saïdaïji (Grand Temple occidental) de l’école des Préceptes (Ritsu).
Le Horyuji (Temple de la Prospérité de la loi ) qui enseigne également l’école Hosso.Le contrôle de La cour impériale intervenait grandement dans le contrôle des nominations et des règlements de ces temples.


















26 luttes et disputes acharnées (tojo kengo, douzheng jiangu) : littéralement luttes et querelles confirmées. "Confirmées" signifie ici la confirmation de la prédiction du Bouddha selon laquelle dans les cinq cents premières années de la Fin de sa loi, le sens des doctrines se perd et des querelles acharnées naissent quant à leur interprétation. L’expression tirée du Sutra de la grande assemblée (Daïshukyo, Dajijing) montre la pugnacité et l’aveuglement des protagonistes dans cette époque troublée.


27 fin de la loi (mappo, mofa) : sur cette doctrine bouddhique de la fin de la fin de la loi on se rapportera à la Vie et l'œuvre de Huisi de Paul Magnin (réf). Le règne de chaque Buddha est en effet supposé divisible en trois périodes, l'une dans laquelle la loi prospère à la fois dans la lettre et l'esprit (période de la loi correcte, saddharma, zheng fa), l'autre dans laquelle elle garde sa forme extérieure mais manque de contenu (période de la loi de ressemblance xiang fa), la troisième où la forme elle-même disparaît (période du déclin de la loi ou loi finale).

28 Le complément du verbe est omis dans le texte original, je l’ai rajouté pour plus de clarté.


29 maître des doctrines (ronji, lunshi) : peut également se prononcer ronshi en japonais, également traduit par "maître des traités". Deux sens :



- érudit qui maîtrise la troisième "corbeille" (pitaka) du canon bouddhique, celle des traités qui classifient et développent les notions philosophiques et scolastiques contenues dans les sutra.
- maître qui écrit des traités bouddhiques.







30 maître des hommes (ninshi, renshi) : maître apte à guider les hommes. Généralement ce terme ne désigne pas le Bouddha lui-même mais plutôt des maîtres de discipline. Pour le Bouddha on emploie le terme "grand maître et guide" (daïdoshi, dadaoshi).





31 appuis de la loi (ho shie, fa siyi) : quatre appuis de la loi décrits dans le Sutra du nirvana. Recommandations finales du Bouddha pour les générations futures. Il s'agit de quatre couples d'adjonctions qui énumèrent, chaque fois, ce sur quoi le pratiquant du bouddhisme peut s'appuyer avec confiance. Il s'agit de :
1. L'enseignement et non pas l'enseignant (selon la loi et non la personne, eho fu ejin, yifa bu yiren)
2. Le sens de l'enseignement et non pas la forme (selon la signification et non les mots, egibuego, yiyi bu yiyu)
3. La sagesse et non les notions communes (selon la sagesse et non les jugements, echi fu eshiki, yizhi bu yishi)
4. Les sutra achevés et fondamentaux et non les sutra provisoires (selon les sutra aux sens définitifs et non les autres (eriogikyo fu efuryogikyo, yiliaoyijing bu yibuliaoyijing).



32 Nagarjuna : dates peu précises, probablement naissance vers 150. Connu en Chine sous le nom de Longshu que les japonais prononcent Ryuju. On sait très peu de choses sur cet auteur indien. Les récits plus ou moins tardifs sont emplis de faits légendaires. Issu d’une famille de brahmanes il aurait tout d’abord étudié le Petit Véhicule puis le Grand Véhicule dans les régions himalayennes. Fondateur du courant philosophique de la Voie du milieu (Madhyamaka), Nagarjuna a renouvelé le courant du bouddhisme du Grand Véhicule par une approche dialectique puissante et parfois extrême. La plupart des écoles bouddhiques se réclament directement ou non de lui. Ses œuvres maîtresses ont été traduites en français et ont fait l’objet d’études approfondies auxquelles on se reportera avec profit ; citons les Stances du milieu par excellence, Pour écarter les vaines discussions et le Traité de la grande vertu de sagesse.





33 Vasubandhu dates peu précises, certains dont L. de La Vallée Poussin ont émis l’idée que nous aurions affaire à deux auteurs distincts, l’un, demi-frère d’Asanga et auteur de commentaires aurait été actif vers le IVe siècle et l’autre, un siècle plus tard aurait rédigé l’Abhidharmakosa puis se serait converti au Grand Véhicule dans sa tendance idéalisante et aurait écrit les célèbres Vingt strophes du Rien que conscience (Yuïshiki nijujo, Weishi ershisong, Vimsatika) et Trente strophes du Rien que conscience (Yuïshiki sanjujo, Weishi sanshisong, Trimsika). Connu en Chine sous le nom de Tianqin dans les anciennes traductions puis, à partir de Xuanzang, Shiqin; prononciations japonaises respectives : Tenjin et Seshin. Sage indien originaire du Cachemire (Peshawar) et demi-frère d’Asanga avec lequel il aurait été cofondateur de l’école des yogacarin (pratiquants du yoga) implantée en Chine grâce aux travaux de Xuanzang au VIIe siècle, plus connue sous les noms de "Rien que conscience" (Yuïshiki, Weishi) ou "Caractères des dharma" (Hosso, Faxiang). D’après la tradition, notamment la biographie de Paramartha (VIe siècle), Vasubandhu aurait été le demi-frère d’Asanga. Après avoir étudié les doctrines du Vaïbashika il rédige l’Abidharmakosa puis sous l’influence d’Asanga se convertit au bouddhisme du Grand Véhicule. Il écrit alors des traités où il approfondit plusieurs points développés dans l’Abidharma à la lumière de ses nouvelles convictions et développe la théorie de la huitième conscience, la conscience réceptacle. Ses dernières œuvres se présentent sous la forme de poèmes réguliers de vingt ou trente strophes de quatre vers chacune où il fixe sous une forme élégante et mémorisable les principes essentiels de son courant. Toutefois cette biographie n’est pas sans soulever quelques problèmes de cohérence notamment vis-à-vis des dates des traductions chinoises, comme le fait remarquer E. Lamotte, "les renseignements [...] sont remplis d’obscurités et d’incohérences" (réf.). L’apport de Vasubandhu à la pensée bouddhique est particulièrement important et original. Sa réflexion sur le psychisme et le système cognitif l’amène à reconnaître la primauté de la conscience comme étant le lieu unique où se produit notre expérience du vivant. Elle devient l’unique réalité et toute existence indépendante des objets extérieurs est ainsi niée. Dans cette optique, l’ascèse bouddhique devient un moyen de purifier la conscience sans être tributaire du défilement des idées et des perceptions. La pensée de Vasubandhu a été développée en Chine sous l’impulsion du traducteur pèlerin Xuanzang qui avait fait siennes les thèses de cette école.


34 sage du Tiantai [le] (Tendaï chisha, Tiantai zhizhe) : nom honorifique désignant le chinois Zhiyi (538-597) fondateur de l’école bouddhique du mont Tiantai.



35 Au réveil la perception est encore brouillée par les impressions du rêve. Le dormeur qui au réveil entend le chant du coucou ne le perçoit pas comme quand il est pleinement conscient. Des bribes de rêve faussent encore sa perception.


36 conversion empruntée (shakke, jihua) : désigne les êtres convertis par le Bouddha tel qu’il apparaît dans la première moitié du Sutra du lotus. Plus particulièrement, liens existant entre le Bouddha et les disciples qui n’ont pas encore reçu la doctrine originelle notamment l’enseignement du chapitre XVI qui révèle la véritable longévité du Bouddha et le temps depuis lequel il a réalisé l’éveil. Antonyme : conversion originelle.

37 Abréviation de Mont Sacré du Vautour (Ryosen abréviation de Ryojusen, Grdhrakuta), le mont où a été enseigné le Sutra du lotus.

38 Les quatre bodhisattva de la doctrine originelle sont ceux qui mènent le groupe des bodhisattva surgis de la terre au chapitre XV. Ce sont Pratique-Supérieure (Jogyo), Pratique-Illimitée (Muhengyo), Pratique-Pure (Jogyo) et Pratique-Pacificatrice (Anryugyo).






39 cinq cents dernières années (gogohyakusaï, houwubaisui) ou cinq cents années suivantes : expression dont la signification varie quelque peu selon le contexte. Elle apparaît dans le chapitre Conduite originelle du bodhisattva Roi des Remèdes du Sutra du lotus, encore que le sens ne soit pas très explicite (réf.). On la retrouve également dans le Sutra de la grande assemblée (Daïshukyo, Dajijing) où elle signifie la dernière des cinq périodes de cinq cents ans chacune que prédit ce sutra. Cette période se caractérise par l’abondance des luttes et disputes acharnées. Dans ce cas, selon un décompte en cours à l’époque de Nichiren, le début de cette période de cinq siècles est également le début de l’ère de fin de la loi. Un autre sens indique les cinq siècles qui suivent l’extinction du bouddha Shakyamuni; dans ce cas-là, on traduit plutôt par "cinq cents années suivantes".

40 L’expression est tirée des Mots et phrases de la Fleur de la loi (Fahua wenju) une des œuvres maîtresses de l’école Tiantai. Il s’agit des cours de Zhiyi sur le Sutra du lotus recueillis par son disciple Guanding. Ces cours suivent l’ordre chronologique des chapitres du Lotus. La part consacrée à la doctrine empruntée est beaucoup plus détaillée que celle de la doctrine originelle, ce qui va tout à fait dans le sens des idées que formule Nichiren sur l’identité des maîtres du Tiantai en qui il voit des « bodhisattva de la conversion empruntée ».



41 C’est-à-dire que les deux ères de la justesse et de la semblance de la loi sont pratiquement achevées. Toutes ces affaires de décompte pour estimer le début de l’ère de la fin de la loi ne sont pas toujours très claires car on a plusieurs manières de compter selon les textes. Cf. la note 10 sur les deux mille ans et aussi le dictionnaire : cinq cents dernières années.


42 véhicule unique (ichijo, yisheng) : on trouve aussi souvent l’expression véhicule unique du Bouddha (ichibutsujo, yifosheng) qui est un équivalent. Véhicule du Bouddha (butsujo, fosheng) est la traduction du sanscrit buddhayana et représente l’enseignement qui permet d’accéder à l’éveil. Unique signifie qu’il n’y en a pas plusieurs, c’est à dire pour reprendre la problématique en question, il n’y a pas deux ou trois véhicules qui permettent d’amener les êtres à l’éveil. C’est l’un des thèmes fondamentaux et récurrents de la première moitié du Sutra du lotus (cf. chapitres II, III, IV, V, VII, IX). Les trois véhicules sont les pratiques des auditeurs, des éveillés pour soi et des bodhisattva. Dans les sutra du Grand Véhicule antérieurs au Lotus, cette distinction en trois véhicules aboutissait à louer le véhicule des bodhisattva et, généralement, à dénigrer les deux autres (cf. deux véhicules, nijo, ersheng). En effet, on opposait de la sorte la voie de bodhisattva à celles des auditeurs et des éveillés solitaires que l’on tenait pour représentatives de l’idéal du Petit Véhicule. Dans le Sutra du lotus, dès le chapitre II, le Bouddha révèle que l’enseignement des trois véhicules n’était qu’un moyen habile mais provisoire, destiné à faire avancer les êtres sur la voie bouddhique selon les dispositions qui étaient les leurs. Une fois les dispositions des êtres améliorées, ce subterfuge n’est plus nécessaire et le Lotus est enseigné. Dès lors, la voie bouddhique et sa pratique s’unifient et tous les êtres, y compris ceux des deux véhicules peuvent devenir des éveillés. C’est ce à quoi réfère l’expression ouvrir les trois et révéler l’unique (kaisan kenitsu, jiesan xianyi). De ce point de vue, le contenu de l’enseignement de ce véhicule unique semble bien être le Sutra du lotus lui-même qui révèle que tous les êtres des dix mondes peuvent accéder directement à l’éveil comme l’indique l’expression le véhicule unique de la Fleur de la loi.





43 La phrase est intéressante à plus d’un titre. On ne peut s’empêcher de la rapprocher de la phrase précédente où l’on voit les deux grands maîtres reconnus de la Chine et du Japon se lamenter et un pauvre moine retiré se réjouir.


44 C’est-à-dire à l’époque où vit Nichiren qui est déjà la période de la fin de la loi alors que les deux maîtres évoqués précédemment ont vécu dans la période de la semblance de la loi.



45 J’ai mis entre guillemets car on a l’impression, peut-être à tort, d’une citation ; toute la phrase est écrite en japonais et cette expression de quatre caractères, elle, en chinois.

46 passation des corbeilles de la loi (fuhozo, fufazang) : ici les corbeilles représentent la totalité de l’enseignement d’un bouddha (cf. trois corbeilles). Deux sens assez proches :



- 1°) Instruction que donne un bouddha à des disciples choisis de la totalité de sa doctrine pour qu’eux mêmes puissent l’enseigner aux générations futures.

- 2°) D’après les listes recensées par la tradition bouddhique vingt-quatre successeurs de Shakyamuni. Dans ce cas, dans les écrits de Nichiren on trouve l’expression "ceux qui reçurent la passation des corbeilles de la loi", littéralement les hommes de la passation des corbeilles de la loi (fuhozo no hitobito).




47 Pour cette question comme pour la suivante, Nichiren use d’un procédé rhétorique où à chaque fois l’interrogation est précédée de « il est demandé » et la réponse suit commençant par « il est répondu ». Pour alléger le texte, j’ai omis de traduire ces formules.





48 p 269 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 476 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955.

49 Le Bouddha s’adresse au bodhisattva Splendeur-Royale des Constellations à qui il a confié ce chapitre du Lotus. Cf. Conduite originelle du bodhisattva Roi des Remèdes.



50 La locution verbe employée en chinois est guangxuan liubu. Cf. Vaste propagation (kosen rufu).



51 p. 352 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p. 605 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955



52 Ikko : avec ferveur, obstination. Étymologiquement d’une façon unidirectionnelle. Une autre édition que celle que j’utilise dit ichido : à l’unisson. Graphiquement do et ko se ressemblent.






53 doctrine empruntée (shakumon, jimen) : shaku signifie étymologiquement "la trace", par exemple celle laissée par les pattes d'un animal sur la neige. Shakumon c'est la trace de la doctrine, la doctrine empruntée, laissée dans les quatorze chapitres qui constituent la première moitié du Sutra du lotus et qui vont du chapitre I, Prologue, au chapitre XIV, Pratique commode. Egalement traduit par "partie dérivée".

54 posséder la voie (tokudo, dedao) : synonyme d'obtention de la voie (tokudo, dedao) : réaliser la voie qui permet d’accéder au nirvana. Pleine compréhension de la voie bouddhique. Plusieurs termes sont des équivalents dans certaines de leurs acceptions et comportent le caractère voie (do, dao) notamment devenir la voie (jodo, chengdao) ou passer la voie (tokudo, duodao). On notera également le rapport avec d’autres termes qui comportent ce même caractère ‘voie’ et qui indiquent différents stades de progression dans la pratique du bouddhisme. Par exemple nyudo, rudao, celui qui est entré sur la voie, gyodo, xingdao, progresser sur la voie.



55 accord et opposition (yodatsu, yuduo) : littéralement donner et enlever ou donner et reprendre. Deux attitudes possibles lors de la discussion, donner son assentiment (même temporairement) pour suivre le développement du raisonnement ou bien s’y opposer si les idées semblent irrecevables. Termes souvent mis en relation avec les deux voies que sont la captation accommodante (shoju, sheshou) et la persuasion coercitive (shakubuku, zhefu).

56 C’est à dire de l’époque.





57 Ndt. L’idée est audacieuse. On ne cherche pas à dégager une supériorité théorique de la doctrine originelle vis à vis de la doctrine empruntée. En fonction de l’époque et des dispositions humaines, on doit donner aux hommes l’enseignement qui leur permette de progresser vers l’éveil.





58 enseignements sacrés délivrés de son vivant (ichidaï shokyo, yidai shengjiao) : désigne la totalité des enseignements du bouddha Shakyamuni, la première des trois corbeilles, celle des sutra.

59 La phrase de Nichiren est bien plus elliptique : « il en va de même pour les dispositions ». Ce qui signifie que les dispositions des hommes diffèrent selon la période concernée.





60 enseignements du Grand Véhicule provisoire (gon daïjokyo, quan dashengjiao) : on trouve plusieurs abréviations : Grand Véhicule provisoire, (gondaïjo, quandasheng) voire même Grand provisoire (gondaï, quanda). Le terme semble antérieur aux systèmes de classifications de l’école du mont Tiantai. Toutefois si l’on se rapporte au système des cinq périodes, il désigne les première (Guirlande de Fleurs), troisième (déploiement) et quatrième (perfection de la prajna) périodes. Ne sont donc pas comprises la période des enseignements du Petit Véhicule (Traditions) ni celle du Lotus et du Nirvana. Terme opposé enseignements du Grand Véhicule véritable.



62 C’est-à-dire entre la doctrine originelle et la doctrine empruntée.






63 antérieur (nizen, erqian) : littéralement avant ce temps-là et signifiant avant l’exposé du Sutra du lotus. Dans le système de classification des enseignements du Tiantai, il s’agit des quatre premières des cinq périodes. On retrouve cette expression dans de nombreux composés, par exemple sutra antérieurs.

64 citadelle infernale (mugen daïjo, wujian dacheng) : mugen, wujian, sans intervalle, sans rémission, désigne un enfer particulièrement rude ou les damnés subissent des souffrances continuelles. On le retrouve dans plusieurs composés notamment enfer sans rémission. Daïjo, dacheng, désigne une grande muraille ; selon certains textes, ce terrible enfer serait entouré de sept murailles de métal.

65 Maints-Trésors (Taho, Duobao, Prabhutaratna) : bouddha du passé apparaissant essentiellement dans le XIème chapitre du Sutra du Lotus. Selon son vœu, après son extinction, là où le Sutra du lotus est révélé, le stupa de ce bouddha qui contient sa dépouille apparaît, attestant de la sorte la validité de l'enseignement.





66 dix directions (jippo, shifang) : nord, sud, est, ouest, nord-ouest, nord-est, sud-est, sud-ouest, zénith et nadir. Cette expression symbolise le déploiement de 1'espace.





67 C’est-à-dire les personnes liées à Ota mentionnées précédemment et qui souhaitaient abandonner les quatorze premiers chapitres du Lotus.


68 Il s’agit du moine Sanmi, connu également sous le nom bouddhique de Nichigyo.




69 1279.





70 Signature kao (monogramme fleuri).